PSYCHOLOGIE – En fonction de notre niveau d’activités, notre perception du temps évolue. Les congés donnent souvent l’impression de passer trop vite à notre goût. Une part de cette explication se trouve du côté de la neuropsychologie.
Cette sensation de vide nous touche tous à un moment ou un autre. Le dimanche soir, une sorte de tristesse pré-rentrée nous envahit et nous pensons invariablement la même chose : « Pourquoi les vacances sont-elles passées si vite ? » Au quotidien, nous ressentons cette élasticité du temps: très long lors d’une réunion ennuyeuse, trop rapide lors d’une journée bien remplie. Et les aiguilles de l’horloge semblent s’emballer pendant les congés. Ce n’est pas un hasard. Pour comprendre cela, il faut se tourner vers la neuropsychologie et la psychologie cognitive. « Les études montrent que les êtres humains sont très doués pour estimer les durées, mais qu’ils ont plus de difficultés à percevoir le passage du temps », analyse Marie de Montalembert, neuropsychologue et maître de conférences à l’université Paris Nanterre.
Ce conflit crée des distorsions temporelles. En d’autres termes, nous avons tendance à surestimer ou sous-estimer le temps qui passe. L’humeur joue un rôle direct dans cette perception. « En vacances, les émotions positives dominent, et cela donne l’impression que le temps s’écoule plus vite. Cela est lié à un phénomène physiologique: la libération de dopamine, un neurotransmetteur qui accélère le passage du temps », explique Marie de Montalembert. En revanche, les heures et les minutes semblent s’étirer à l’infini lorsqu’on est submergé par des pensées négatives ou un quotidien morose. Et l’âge n’a aucun impact là-dessus. L’estimation du temps fluctue « selon nos émotions, nos états d’âme », indique une étude publiée en 2019.
Adopter une pratique de pleine conscience est essentiel.
Un point important : le sommeil influence une partie de nos émotions. « En vacances, cela peut avoir un double effet sur le sommeil. Cela peut aider à réduire le stress et l’anxiété, mais aussi à respecter son propre rythme », ajoute Marianne Habib, docteure en psychologie et maîtresse de conférences à l’université Paris 8. Le manque ou la mauvaise qualité de sommeil a des effets néfastes sur notre santé et notre humeur. Cela impacte également nos capacités cognitives : plus nous sommes fatigués, plus les heures – paradoxalement – s’envolent à toute vitesse. Un autre facteur influence notre perception du temps: l’attention que nous y accordons.
« Plus nous sommes concentrés sur le temps qui passe, plus nous avons le sentiment qu’il s’écoule vite. En vacances, nous faisons moins attention », poursuit Marie de Montalembert. Comment éviter que nos congés s’envolent en un clin d’œil ? Faire appel à la pleine conscience, prendre le temps d’observer le monde qui nous entoure (et d’en profiter) sont autant de solutions pour profiter de ces pauses annuelles tant attendues. « Il faut ralentir son rythme, éviter de multiplier les activités. Lorsque nous nous promenons, nous devons être attentifs aux différents éléments que nous rencontrons. Cela permet de rester ancré dans le présent, de moins anticiper l’avenir et de mieux profiter des vacances », résume la neuropsychologue.
La perception du temps ne dépend pas tant du fait que nous soyons en vacances que du nombre d’activités que nous pratiquons dans la journée. « Plus nous recevons une grande quantité d’informations, plus le temps s’envole. La question de la charge mentale est importante: plus elle est élevée, moins nous sommes attentifs à comment la journée se déroule », observe Marianne Habib. « En vacances, nous sommes tentés par l’idée de tester plein d’activités nouvelles, et le temps passe généralement plus vite. Il faut se concentrer sur les moments présents », complète Marie de Montalembert. Pourquoi ne pas prendre plus de temps pour prendre son petit-déjeuner ? Faire une marche contemplative ? Lire un bon livre ? En fin de compte, prendre le temps de vivre le moment présent pour en saisir toute l’essence.