L’impact des politiques migratoires en France sur les étrangers en situation régulière : l’histoire d’une Algérienne en quête de sécurité
Ces dernières années, la France a durci sa politique migratoire, affectant non seulement les personnes sans papiers, mais aussi de nombreux étrangers en situation régulière. Le récit de Djamila, une Algérienne arrivée en France en 2016, illustre bien cette réalité inquiétante. Mariée à un ressortissant français, Djamila pensait avoir trouvé un havre de paix après avoir obtenu son premier titre de séjour d’un an en tant que conjointe d’un Français.
Cependant, sa vie prend un tournant dramatique un an et demi plus tard, lorsqu’elle obtient une carte de résidence de dix ans. Peu de temps après, Djamila divorce de son mari et dépose une plainte pour violences conjugales. Elle trouve du soutien auprès d’associations de défense des droits des femmes, parvient à s’installer dans un logement stable et à trouver un emploi. Son quotidien semble s’éclaircir. Mais cette nouvelle stabilité va être mise à mal par la vulnérabilité de son statut administratif.
En 2022, Djamila décide de retourner en Algérie pour rendre visite à sa famille. Ce voyage, qu’elle attendait avec impatience, se transforme rapidement en cauchemar. À son retour à l’aéroport de Paris-Orly, elle est arrêtée, bloquée à la frontière et tenue de rester dans une zone internationale, sans aucune explication. Le motif ? Elle est signalée comme étant recherchée dans le fichier des personnes sous OQTF (Obligation de quitter le territoire français). Une situation incompréhensible pour elle, surtout qu’elle n’était même pas au courant de cette décision, prise des années plus tôt par le préfet et adressée à l’ancien domicile de son époux.
Le préfet avait suspendu son titre de séjour, en soutenant qu’elle avait frauduleusement épousé un citoyen français pour régulariser sa situation. "Une femme qui porte plainte pour violences conjugales devrait être protégée, pas mise sous OQTF", a déclaré son avocat, Me Samy Djermoun, qui a rapidement pris en main son dossier. Grâce à ses interventions, Djamila a finalement pu faire valoir ses droits devant la justice, et son cas a été résolu.
Néanmoins, cette histoire n’est pas un cas isolé. De nombreux étrangers ont vu leurs droits bafoués ces dernières années, suite aux décisions des préfectures qui, souvent par simple suspicion, retirent les titres de séjour sans considération adéquate des circonstances personnelles. En fait, la France est devenue le pays européen avec le plus grand nombre d’OQTF délivrées. Entre 2019 et 2022, un nombre alarmant de 447.257 obligations de quitter le territoire a été prononcé, même si seulement 7 % d’entre elles ont été effectivement mises à exécution.
Cette situation soulève des questions préoccupantes sur la gestion des droits des immigrés en France. Les décisions administratives sont souvent perçues comme arbitraires, sans véritable soutien ni protections pour ceux qui demandent une aide ou qui, comme Djamila, cherchent à fuir des situations de violence. Les entreprises et les organisations humanitaires expriment une profonde inquiétude face à cette dynamique, qui pourrait nuire gravement aux droits humains et à l’intégration des migrants.
Dans ce contexte, il est impératif d’engager un vrai débat sur la politique migratoire en France, afin de s’assurer qu’elle soit plus humaine et moins punitive, offrant ainsi la possibilité aux étrangers, même ceux ayant un statut régulier, de vivre en sécurité et dignement sur le territoire français. Pour Djamila et tant d’autres, l’espoir d’une vie meilleure est constamment mis à l’épreuve par des décisions administratives qui semblent souvent déconnectées des réalités humaines et sociales.