Saïd Chanegriha : Une Étoile Montante au Cœur du Pouvoir Algérien
La présence du général-major Saïd Chanegriha dans le paysage politique et militaire algérien ne cesse de susciter des interrogations et des spéculations. Depuis le décès d’Ahmed Gaïd Salah, qui a dirigé l’armée avec poigne, Chanegriha a rapidement su renforcer son emprise sur les institutions, devenant l’une des figures les plus influentes du pays. Son ascension au pouvoir soulève des interrogations sur le rapport de force entre le civil et le militaire, un sujet qui préoccupe de plus en plus les observateurs de la scène algérienne.
En observant le tableau politique, il est difficile de ne pas remarquer la proximité du général avec le président Abdelmadjid Tebboune. Lors des événements publics, Chanegriha est souvent à ses côtés, en train de superviser et de coordonner, ce qui accentue l’idée d’une co-gestion des affaires de l’État. Sa participation active à des réceptions officielles, où il rencontre chefs d’État, diplomates et autres figures politiques, témoigne de sa volonté de s’afficher comme un acteur clé, parfois même en surplomb du rôle institutionnel qui devrait normalement revenir au président.
Cette dynamique pose une question essentielle : qui, réellement, détient le pouvoir en Algérie ? Si Abdelmadjid Tebboune est désigné par la constitution comme le chef des armées, l’influence de Chanegriha suggère l’existence d’une sorte de présidence parallèle. Les rumeurs entourant sa capacité à influer sur les décisions politiques en matière de sécurité et de diplomatie interrogent. Certaines analyses avancent que les tensions entre l’Algérie et le Maroc, ainsi que l’essor de groupes paramilitaires comme Wagner dans la région, pourraient bénéficier de l’approbation tacite, voire active, de Chanegriha.
La relation entre Tebboune et Chanegriha est teintée d’ambiguïté. D’un côté, le président, souvent confronté à une forte impopularité, pourrait sembler affaibli, tandis que le général, fort de ses années d’expérience au sein des forces armées, semble s’imposer comme l’autorité privilégiée. Dans cette configuration, la question initiale sur qui dirige réellement l’Algérie perdure. Les manifestations massives du Hirak, qui revendiquent un pouvoir civil exempt d’influence militaire, témoignent d’un désir de changement profondément enraciné dans la population. Les Algériens sont conscients du poids que les militaires exercent dans l’architecture du pouvoir.
La domination militaire sur la vie politique n’est pas une nouveauté en Algérie. Depuis l’indépendance en 1962, l’armée a souvent été le véritable moteur des décisions politiques, influençant les stratégies majeures du pays. Ce mode de gouvernance a ses racines dans l’histoire tumultueuse du pays, marquée par des luttes internes et des crises répétées. À l’ombre des institutions civiles, les militaires continuent d’exercer un rôle central, prouvant leur capacité à adapter le pays à leurs intérêts.
Lors de la crise de 2019, par exemple, la chute de Abdelaziz Bouteflika a été le fruit d’une manœuvre orchestrée par l’armée sous la direction de Gaïd Salah. Cependant, cette intervention n’était pas exempte de contradictions, le soutien initial au Hirak se transformant rapidement en volonté de maintenir le statu quo.
Avec l’arrivée de Saïd Chanegriha, l’articulation du pouvoir semble évoluer. Sa manière de se positionner et son rôle de médiateur dans les disputes internes témoignent d’une prise de pouvoir sans précédent. Chaque visite et chaque intervention de sa part sont scrutées avec une attention particulière, révélant une stratégie de communication soigneusement orchestrée qui n’avait pas été observée même avec son prédécesseur.
Par ailleurs, la gestion des crises récentes, comme l’arrestation de l’ancien chef de la police, témoigne de la manière dont Chanegriha maintient une mainmise sur les principaux leviers décisionnels. Son omniprésence dans les médias renforce cette impression. Alors que Tebboune conserve officiellement le titre de président et de ministre de la Défense, il devient de plus en plus évident que Saïd Chanegriha est perçu comme le véritable architecte des orientations politiques, et ce, tant que sa position ne sera pas remise en question.
En conclusion, la dualité des pouvoirs entre Tebboune et Chanegriha se révèle être une charnière sur laquelle repose l’avenir politique de l’Algérie. Pour nombre d’Algériens, il semble essentiel d’aller au-delà des apparences et de scruter les véritables dynamiques à l’œuvre au sein du gouvernement. Le poids croissant de Saïd Chanegriha dans cette équation soulève des défis qui pourraient bien redessiner le paysage politique algérien dans les années à venir.