L’Algérie face à des défis dans le secteur aérien : un combat inégal avec Royal Air Maroc
L’Algérie semble rencontrer des difficultés significatives dans le secteur aérien, un domaine où elle avait escompté se démarquer. Air Algérie, la compagnie nationale, a dans un passé récent entrepris des efforts d’expansion pour contrecarrer le leadership de Royal Air Maroc (RAM) sur le marché africain, en particulier dans les pays francophones. Malgré cette ambition, les résultats se sont révélés décevants, illustrant les nombreux obstacles qui se dressent devant le transport aérien algérien.
Au départ, le Cameroun a été identifié comme un terrain stratégique. Air Algérie a alors établi une liaison entre l’aéroport d’Alger-Houari Boumediene et l’aéroport de Douala, avec l’intention de rivaliser avec la RAM, qui offrait déjà jusqu’à sept vols par semaine sur cette route. Pour séduire les passagers, la compagnie algérienne a adopté des tarifs plus attractifs que ceux de son concurrent. Cependant, cette stratégie n’a pas porté ses fruits. Les taux de remplissage des avions se sont révélés insuffisants, entraînant une réduction rapide des fréquences de vol, qui sont passées à une ou deux rotations hebdomadaires. Un agent de voyages local a confirmé que le manque de notoriété et une image ternie de la compagnie en Afrique subsaharienne ont compliqué la situation.
Les ambitions d’Air Algérie ont également été mises à mal sur la ligne Alger-Ouagadougou. Sous la direction d’Hamza Benhamouda – récemment nommé à la tête de la compagnie – des plans ambitieux de déploiement de vols étaient envisagés. Pourtant, l’enthousiasme attendu pour cette nouvelle route n’a pas vu le jour. Au contraire, la RAM a réussi à maintenir sa position dominante sur cette destination, avec un service régulier opéré par des Boeing 787 Dreamliner. Confrontée à une demande insuffisante, Air Algérie a dû annuler plusieurs vols, une situation qui souligne la difficulté de la compagnie à se faire une place dans un environnement concurrentiel.
Les derniers chiffres publiés par l’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA) sont révélateurs. Bien qu’Air Algérie possède une flotte plus grande que celle de la RAM, elle n’a transporté que 4,6 millions de passagers, contre 5,6 millions pour son adversaire marocain. Ce chiffre met en évidence un fossé croissant entre les deux compagnies, alors même que le marché africain du transport aérien est en plein essor.
Derrière cette compétition se cache une réalité géopolitique complexe. L’Algérie souffre d’un isolement grandissant sur la scène internationale, en raison de tensions historiques avec plusieurs de ses voisins, notamment le Maroc, la Libye et la France. Cette hostilité a des répercussions sur les relations économiques, ce qui réduit les opportunités pour les compagnies aériennes algériennes d’attirer des clients internationaux. En Afrique subsaharienne, les passagers choisissent souvent des transporteurs perçus comme fiables, comme Royal Air Maroc, ce qui constitue un défi supplémentaire pour Air Algérie.
Le conflit en Libye, avec ses repercussions pour la stabilité régionale, n’a pas non plus favorisé le développement des liaisons aériennes. L’Algérie, souvent perçue comme une actrice indirecte dans ce dossier, voit ses efforts entravés par la situation chaotique du pays voisin. Equilibrer les relations diplomatiques a toujours été une priorité, mais les tensions persistantes avec la France, un partenaire traditionnel, n’ont fait qu’empirer les choses. Cela a souvent conduit à un manque de coopération bilatérale, freinant les progrès économiques et les opportunités de partenariat pour Air Algérie.
Cette dynamique d’isolement représente un véritable obstacle à la croissance du secteur aérien algérien. Sans les partenariats nécessaires, Air Algérie peine à attirer des investisseurs étrangers, alors que des pays comme le Maroc ou la Tunisie tirent profit de leur diplomatie pour propulser leurs compagnies respectives vers de nouveaux sommets.
Ainsi, le problème d’Air Algérie ne réside pas uniquement dans une question de stratégie commerciale ou de compétitivité tarifaire. L’échec de la compagnie à contrecarrer Royal Air Maroc est le reflet d’une incapacité plus large de l’Algérie à surmonter son isolement sur la scène internationale. Ce climat défavorable met en avant les défis de l’aviation algérienne qui, engluée dans des tensions géopolitiques et une conjoncture économique difficile, peine à rivaliser dans un secteur aérien africain en pleine expansion.