Le climat politique entre la France et l’Algérie semble s’assombrir davantage dans un contexte déjà délicat. Alors que le diplomate français Stéphane Romatet a récemment déposé des fleurs sur la tombe de Larbi Ben M’hidi, un ancien dirigeant du Front de Libération Nationale (FLN), les autorités algériennes ont procédé à l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, un acte qui a suscité une vive polémique.
Le 19 novembre dernier, la cérémonie de fleurissement organisée par l’ambassadeur de France a été perçue par certains comme un acte controversé, particulièrement en raison du timing. À peine trois jours plus tôt, Boualem Sansal avait été appréhendé à son arrivée à l’aéroport d’Alger, dans des circonstances qui laissent perplexe. Le romancier, connu pour son franc-parler sur les questions de l’islamisme et de la société algérienne, devait être présenté à la justice algérienne. Sa détention a soulevé des préoccupations tant au sein de l’opinion publique que parmi les instances politiques françaises.
Le Sénateur RN Stéphane Ravier n’a pas tardé à réagir à cette situation. Il a dénoncé le geste de l’ambassadeur français en déclarant sur les réseaux sociaux : « Pendant que Macron fait fleurir la tombe d’un terroriste du FLN, le régime algérien prend en otage Boualem Sansal, qui est un courageux combattant contre l’islamisme. » Ces propos, prononcés dans un contexte déjà tendu, illustrent les divergences d’opinion au sein du paysage politique français concernant l’approche à l’égard de l’Algérie.
Il faut noter que Larbi Ben M’hidi, héros de la guerre d’Algérie, a été tué en 1957 par des forces militaires françaises, un évènement que le président Emmanuel Macron a sanctionné par une déclaration significative le 1er novembre de cette année. Le chef de l’État a reconnu explicitement que Ben M’hidi avait été « assassiné par des militaires français placés sous le commandement du général Aussaresses ». Cet aveu a fait renaître des tensions historiques entre les deux pays, fragilisant davantage une relation déjà marquée par des blessures anciennes.
En parallèle, la réaction d’Hafiz Chems-eddine, recteur de la Grande Mosquée de Paris, apportant son soutien à la reconnaissance de l’assassinat de Ben M’hidi, souligne la complexité des opinions sur ce sujet. « Bravo pour ce geste de reconnaissance hautement historique », a-t-il commenté sur les réseaux sociaux, traduisant une satisfaction face à la démarche française qui interroge la communauté algérienne en France.
Le climat de méfiance entre Paris et Alger se durcit également à cause de l’arrestation de Sansal, dont les critiques envers le régime algérien et ses prises de position sur l’héritage colonial n’ont pas manqué d’attirer l’attention des autorités algériennes. Un entretien qu’il a accordé récemment à Frontières, où il abordait des thèmes sensibles en lien avec la colonisation, pourrait avoir précipité son interpellation. Pour rappel, il avait souligné que certaines régions de l’Algérie avaient fait partie du Maroc au cours de l’histoire, une affirmation qui résonne comme une provocation dans un contexte de nationalism exacerbé.
Dans un climat où les droits de l’homme et la liberté d’expression sont sous haute surveillance en Algérie, la disparition de Boualem Sansal inquiète de nombreuses figures publiques, y compris le président Emmanuel Macron. Ce dernier n’a pas hésité à se prononcer sur le sort de l’écrivain et a exprimé des préoccupations quant aux violations des droits fondamentaux. Les tensions géopolitiques entre les deux nations pourraient donner lieu à une escalade si ces problématiques ne sont pas abordées de manière constructive.
Ainsi, la floraison de la tombe de Larbi Ben M’hidi, tout en rendant hommage à une figure emblématique de l’Algérie, est devenue le symptôme d’un Général state. Preuve, s’il en faut, que le passé continue de hanter les relations franco-algériennes, alors même que des voix s’élèvent pour réclamer un dialogue sincère et apaisé. La situation actuelle pourrait avoir des répercussions sur l’avenir des relations entre les deux pays, car la mémoire historique et les droits de l’homme sont au cœur des préoccupations des citoyens des deux côtés de la Méditerranée.