Les tensions géopolitiques en Afrique du Nord : L’Algérie contre-attaque face à un rapprochement Maroc-Iran
Le paysage géopolitique de l’Afrique du Nord est en pleine mutation, et au cœur de cette dynamique complexe se trouvent les relations entre l’Algérie, le Maroc et l’Iran. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a rencontré, ce lundi 25 novembre, Ibrahim Azizi, le président de la Commission de la sécurité et de la politique étrangère du Parlement iranien. Cette rencontre, qui visait à renforcer les liens entre les deux nations, survient dans un contexte de tension accrue dû à un rapprochement potentiel entre Rabat et Téhéran.
Lors de cette réunion, les deux représentants ont discuté de l’état des relations bilatérales, mettant en avant l’importance d’une coopération approfondie. Le ministère algérien des Affaires étrangères a d’ailleurs souligné l’objectif de cette rencontre : activer les mécanismes de la diplomatie parlementaire pour élever ces relations à un niveau optimal. Cependant, cette tentative d’affirmation diplomatique de l’Algérie ne se limite pas seulement à des échanges cordiaux. Elle est également teintée par des préoccupations stratégiques, notamment concernant le statut du Sahara occidental.
Bien que le sujet du Sahara n’ait pas été directement intégré dans la discussion entre Attaf et Azizi, un autre responsable algérien, le président de la Chambre des députés, Ibrahim Ghali, a pris soin de rappeler, lors d’un entretien avec le haut diplomate iranien, le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Cette insistance sur le droit du peuple sahraoui reflète les profondes inquiétudes d’Alger face à toute évolution pouvant être perçue comme une menace pour sa position dans le conflit du Sahara.
Il est à noter que ces rencontres diplomatiques surviennent seulement cinq jours après un échange téléphonique entre Attaf et son homologue iranien, Abbas Araghchi, renforçant ainsi les liens stratégiques entre l’Algérie et l’Iran dans un contexte géopolitique de plus en plus volatile. Cette mobilisation diplomatique traduit un besoin urgent pour l’Algérie de contrer un rapprochement qu’elle perçoit comme hostile, surtout après des discussions entre des hauts responsables marocains et iraniens concernant la normalisation de leurs relations, rompues depuis le 1er mai 2018 en raison de divergences sur la question sahraouie.
Pour rappel, l’Iran, qui reconnaît la République arabe sahraouie démocratique (RASD) depuis 1980, pourrait jouer un rôle crucial dans ce jeu d’influence régionale. Alger se montre donc particulièrement vigilante face à tout signe d’amélioration des relations entre Rabat et Téhéran, craignant que cela ne nuise aux intérêts du Polisario, le mouvement indépendantiste sahraoui qui lutte pour l’autodétermination du Sahara occidental.
Les consultations entre le Maroc et l’Iran semblent avancer, avec d’autres rencontres prévues dans un avenir proche. Ce possible rétablissement des relations entre les deux pays pourrait avoir des répercussions significatives sur l’équilibre des forces dans la région. L’Algérie, en mobilisant ses ressources diplomatiques, se prépare à affronter cette nouvelle dynamique, démontrant ainsi sa volonté de ne pas se laisser marginaliser sur la scène diplomatique nord-africaine.
En somme, l’Algérie, à travers ses initiatives diplomatiques, cherche à renforcer ses alliances tout en restant fermement attachée à son soutien au droit du peuple sahraoui. La situation en Afrique du Nord demeure donc tendue, et le climat diplomatique du moment est en effet un témoignage des rivalités qui caractérisent la région, où chaque acteur cherche à préserver ses intérêts et à projeter son influence.