Le domaine du bâtiment, responsable de 37% des émissions mondiales de CO2, cherche des moyens de se décarboner en explorant des techniques de réutilisation des matériaux. Plusieurs entrepreneurs et éco-organismes ont développé des idées novatrices pour donner une seconde vie à des matériaux dans de nouvelles constructions.
Béton
La fabrication de ciment, principal composant du béton, contribue à hauteur de 7% aux émissions mondiales de CO2, faisant de ce matériau le plus utilisé dans le domaine de la construction l’un des plus polluants. Pour réduire la production de nouveau béton, l’éco-organisme Ecominéro a récupéré des panneaux de façade lors de la démolition d’un bâtiment à Melun (Île-de-France) pour les réutiliser, notamment comme dalles de terrasse ou soubassements d’édifices neufs. Ecominéro a financé une douzaine de projets visant à explorer les différentes utilisations possibles du béton de réemploi au cours de la dernière année.
Brique
Dans le Pas-de-Calais, l’entreprise Kavik propose aux entrepreneurs soucieux de réduire leur empreinte carbone la location d’une machine qui permet de revaloriser les briques sur le chantier même de démolition. Selon Franck David, fondateur de Kavik, une brique peut encore être utilisée pendant près de 60 ans, même si elle n’est pas recommandée pour les murs porteurs. Ainsi, la machine Recyc Brique, conçue au Québec, permet de nettoyer plusieurs briques par minute en enlevant le mortier avec des meules et des disques diamant, rendant le travail beaucoup plus facile qu’auparavant pour les maçons. «Il est possible de sauver jusqu’à 95% des briques d’un bâtiment lorsqu’il est déconstruit avec soin», indique Franck David.
Métal
«Actuellement, seulement 1% des matériaux de construction sont réemployés, mais pour ce qui est du métal, nous visons un taux de 10% à 15% dans les années à venir», déclare Amor Ben Larbi, directeur de projets de recherche au Centre technique industriel de la construction métallique (CTICM). Ce plan inclut notamment une plateforme numérique de vente et d’achat de produits métalliques, une fourgonnette équipée pour aider les entreprises à identifier les matériaux réutilisables, ainsi que la publication d’un système de référence pour garantir la qualité du métal réemployé. Amor Ben Larbi souligne l’importance de massifier le réemploi du métal afin de réduire les coûts, qui peuvent parfois être plus élevés que ceux du métal neuf.
Zinc et ardoise
Depuis deux ans, la société Toit de Paris collecte le zinc des toits des immeubles haussmanniens de la capitale pour en faire des objets décoratifs, mais elle a des ambitions plus grandes. Avec l’aide d’Ecominéro, l’entreprise prévoit de tester le réemploi de l’ardoise et du zinc dans des constructions futures. «Les tuiles étanches seront réutilisées pour la toiture, tandis que les autres pourront servir comme bardage extérieur ou éléments de signalétique dans les bâtiments», explique Constance Fichet-Schulz, fondatrice de Toit de Paris.