La Diaspora Algérienne, Étrangère à l’Accès aux Institutions Scientifiques et Économiques
L’Algérie, terre natale de la diaspora algérienne, voit ses ressortissants vivant à l’étranger faire face à de nombreuses exclusions qui les empêchent de participer pleinement à la vie de leur pays. Ces restrictions, soulignées par Abdelouahab Yagoubi, député des Algériens de France, concernent notamment l’accès aux institutions scientifiques et économiques.
Les académiciens algériens expatriés, par exemple, ne peuvent pas être membres de l’Académie algérienne des sciences et des technologies, malgré leur expertise et leur implication dans la recherche et le développement à l’échelle internationale. Selon Yagoubi, cette exclusion est prévue par des dispositions spécifiques de la loi sur l’Académie, notamment dans les articles 9, 12 et 18, qui stipulent que seuls les chercheurs résidant en Algérie peuvent y être membres.
Ces restrictions ont des conséquences importantes pour les Algériens vivant à l’étranger, qui se retrouvent souvent dans une position marginale vis-à-vis des décisions prises dans leur pays d’origine. Les députés ont saisi la Cour constitutionnelle pour contester ces dispositions, mais celle-ci a rejeté la demande, invoquant l’exclusivité du droit d’initiative du président de la République pour les lois organiques.
Mais ces exclusions ne sont pas isolées. Les Algériens de l’étranger sont également exclus du secteur des médias, en particulier dans les entreprises médiatiques, qu’elles soient audiovisuelles, écrites ou spécialisées. Selon les articles 4 et 7 de la loi organique sur les médias, ainsi que par la législation sur la presse écrite, électronique et audiovisuelle, les membres de la diaspora algérienne sont interdits d’investir ou de détenir des parts dans des entreprises médiatiques.
Ces restrictions empêchent les Algériens vivant à l’étranger de jouer un rôle dans l’industrie médiatique du pays, malgré l’influence croissante des médias internationaux dans le façonnement de l’opinion publique et des débats en Algérie. La Cour constitutionnelle a rejeté une autre saisine sur ce sujet, invoquant l’exclusivité du droit d’initiative du président de la République pour les lois organiques.
En outre, les membres de la diaspora algérienne sont également exclus de la gestion des données personnelles et de l’échange d’informations fiscales. Selon l’article 203 de la loi des finances pour l’année 2025, les membres de la communauté algérienne à l’étranger sont interdits d’importer des véhicules de moins de trois ans, ce qui limite considérablement leurs choix en matière de véhicules d’occasion.
Ces exclusions représentent des enjeux importants pour la diaspora algérienne, en particulier pour les Algériens établis en France, qui constituent la plus grande communauté algérienne à l’étranger. Les décisions de la Cour constitutionnelle et des législateurs montrent un désintérêt pour les préoccupations des Algériens expatriés, malgré les efforts pour faire entendre leurs voix. Ces blocages soulignent également une séparation croissante entre les Algériens résidant dans le pays et ceux vivant à l’étranger, en particulier sur des questions liées à l’économie, à la politique et à la société.
L’absence d’accès à certains droits et opportunités crée un fossé qui continue de se creuser au fil du temps, affectant la relation entre l’Algérie et ses ressortissants expatriés.