Titre : La Grèce restitue un trésor de 1 055 pièces de monnaie antiques à la Turquie, premier rapatriement de ce type entre les deux pays
La Grèce et la Turquie ont accompli un pas important dans la promotion de la coopération internationale en matière de patrimoine culturel et de récupération d’objets volés, en précédant hier le rapatriement de 1 055 pièces de monnaie anciennes à la Turquie. C’est le premier cas de rapatriement de ce type entre les deux pays, voisins et rivaux historiques.
Ces grandeurs pièces d’argent, frappées à l’origine à Athènes et largement utilisées en Méditerranée orientale, avaient été saisies par les douaniers grecs à la frontière terrestre avec la Turquie en 2019. Selon la ministre grecque de la Culture, Lina Mendoni, elles avaient été importées illégalement.
« Toutes les antiquités exportées illégalement, quel que soit le pays, doivent retourner dans leur pays d’origine », a-t-elle déclaré lors d’une cérémonie officielle au musée numismatique d’Athènes, en présence de son homologue turc, Mehmet Nuri Ersoy. « Les Grecs sont particulièrement sensibles aux questions de rapatriement. Il est essentiel de protéger et de préserver notre patrimoine culturel pour les générations futures. C’est pourquoi nous nous efforçons de protéger nos objets culturels contre la contrebande et la vente illégale. », a-t-elle ajouté.
Les pièces restituées à la Turquie provenaient de sources diverses, notamment de Chypre, des îles grecques d’Égine et de Milos, ou de villes d’Asie mineure, du royaume ancien de Lydie ou de la Phénicie. Les experts grecs et turcs ont estimé que ces pièces faisaient partie d’un stock caché en Asie mineure, province occidentale de la Turquie, entre la fin du Ve et le début du IVe siècle avant Jésus-Christ.
Mehmet Nuri Ersoy, ministre turc de la Culture, a salué le rapatriement comme un « grand pas vers l’amitié et la coopération culturelle entre nos deux pays ». Il a également souligné l’importance de la restitution des objets culturels à leur pays d’origine, même si cela arrive après des décennies de détention.
La restitution intervient quelques mois après que l’Ankara a publiquement soutenu Athènes dans sa longue bataille diplomatique pour récupérer les marbres du Parthénon exposés au British Museum de Londres. Lors de la cérémonie, Lina Mendoni a remercié la Turquie d’avoir soutenu sa campagne pour la restitution des marbres du Parthénon. « C’est un grand pas vers l’amitié et la coopération entre nos deux pays », a-t-elle déclaré.
Le British Museum a longtemps soutenu que les marbres avaient été retirés de l’Acropole d’Athènes par un décret royal accordé à Lord Elgin, l’ambassadeur britannique auprès de l’Empire ottoman. Cependant, en juin, Zeynep Boz, directrice du comité turc de lutte contre la contrebande, avait déclaré lors d’une réunion de l’Unesco à Paris qu’aucun document de ce type n’avait été trouvé dans les archives ottomanes. Sa déclaration a été « décisive » en faveur de la position de la Grèce, selon Lina Mendoni.
Le délai de cinq ans depuis leur saisie est dû à la procédure adéquate suivie par la justice grecque avant d’autoriser le rapatriement des pièces, a expliqué Vassiliki Stefanaki, experte en monnaies. Les pièces sont actuellement exposées au musée numismatique d’Athènes, où elles feront l’objet d’une exposition spéciale.