Titre : Le retour du train des étoiles du Nord, une aventure à petit prix
Paris, 19 décembre 2023 – Le Nord de la France et la Belgique sont reliés par un nouveau train, OuiGo, lancé par la SNCF et la SNCB. Pour un prix record de 19 euros, ce train permet de voyager entre Paris et Bruxelles en 3 heures, contre 1h22 avec l’Eurostar. Mais qu’est-ce qui rend ce train si attractif? C’est avant tout son prix et sa régularité qui devraient séduire durablement les voyageurs.
Au départ de la gare du Nord, je me sens un peu nostalgique. Cette ligne n’est pas nouvelle, car jusqu’en 1996, le train dit « L’étoile du nord » effectuait cette même liaison en moins de 3 heures, avant d’être remplacé par une ligne à grande vitesse (le Thalys). Les opérateurs ferroviaires avaient estimé à l’époque que la ligne classique n’avait plus d’intérêt. 28 ans plus tard, la voici de retour sous un nouvel habillage : vous avez dit retour vers le futur?
En montant dans le train, je suis surprise de trouver un matériel roulant belge. Les voitures datent des années 90 et étaient utilisées sur des liaisons régionales. Mais niveau confort, rien à redire : l’espace pour les pieds est suffisant, les sièges sont confortables et il y a des prises pour brancher ses appareils électroniques.
Au départ, je me sens un peu perdue. L’accent flamand du contrôleur et l’annonce en trois langues – français, néerlandais et anglais – me permettent de soupçonner notre destination. Mais une demi-heure plus tard, nous sommes déjà à la gare de Creil, notre premier arrêt. Peu de voyageurs montent ou descendent : la plupart effectueront la totalité du trajet.
Ensuite, je constate que ma voisine quadragénaire essaie de s’endormir, sans trop de succès. Habitant à Compiègne, elle m’explique être une habituée des Paris-Bruxelles : « D’habitude, je prends le TGV mais en passant par Lille. C’est beaucoup moins cher ». Et le bus? Soupir de l’intéressée : « Franchement j’évite. C’est très long, et fatigant. Mais chacun fait au mieux en fonction de son porte-monnaie ». Elle m’explique avoir payé son billet 19 euros. « J’espère que les prix n’augmenteront pas trop! »
Au fil du trajet, c’est tout le Nord de la France et ses paysages qui défilent : les champs succèdent aux zones commerciales, et les gares désaffectées aux lacs. Au loin, j’aperçois la cathédrale de Saint-Quentin : le train y effectuera un arrêt par jour à partir du mois d’avril. Dans les huit voitures, une foule bigarrée de tous les âges passe le temps. Je dénombre de nombreuses familles, et… près de quatre personnes occupées à faire du tricot – j’ignorais que la pratique était revenue à la mode.
À Aulnoye-Aymeries, les montées et les descentes se font déjà plus importantes. Sur le quai, des journalistes interrogent les voyageurs, manifestement ravis par la desserte, et surtout… par son prix. Le tarif d’un billet simple est annoncé entre 10 et 59 euros. Une offre plutôt alléchante : depuis la fin de l’offre Izy Thalys, en 2022, il n’existait en effet plus d’offre low-cost entre les deux capitales. Cette nouvelle ligne pourrait donc répondre à un réel besoin, même si seulement trois rotations par jour sont prévues pour l’instant dans les deux sens, entre Paris gare du Nord et Bruxelles midi.
En descendant à la gare de Bruxelles-midi, je constate que la ville est prête à accueillir les nouveaux arrivants. Les affiches publicitaires font la promotion de la toute nouvelle ligne : « Paris, pour le prix d’un sac de croissant ». En français et en flamand, naturellement. Et le train? Il est déjà à nouveau prêt à repartir, vers Paris, avec son lot de nouveaux voyageurs enthousiastes.
Ce train OuiGo, c’est avant tout une aventure à petit prix, mais qui répond à un réel besoin. Les voyageurs sont séduits par la régularité et le prix, mais également par l’expérience unique que propose ce train. Et qui sait? Peut-être que cette nouvelle ligne deviendra la nouvelle mode, comme elle l’était autrefois.