La France-Algérie : l’impasse des expulsions
L’énigme du double jeu
Plus de trois ans ont déjà passés depuis que les autorités françaises ont pris la décision de viser deux des trois principaux influenceurs algériens sur TikTok, Youcef A. alias Zazou Youcef et Imad Tintin, en les plaçant sous obligation de quitter le territoire français (OQTF). Cependant, malgré ces mesures, ces deux individus résident toujours en France, l’un à Brest et l’autre à Échirolles. L’Algérie, qui a décidé de utiliser l’immigration comme un levier de pression sur Paris, refuse de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires pour leur expulsion. L’explication ? L’Algérie attend que la France mette fin au soutien à Amira Bouraoui, une opposante au régime algérien.
La France, quant à elle, continue de déplorer la difficulté de mener à bien les éloignements forcés vers l’Algérie. Sur les 58.700 OQTF prononcées à l’encontre de ressortissants algériens entre 2019 et 2022, seules 2.600 ont été effectivement exécutées, soit 4,4 %. La situation est tout aussi grave pour les clandestins algériens rejetés au centre de rétention administrative (CRA) : on compte ainsi près de 33,2 % d’Algériens dans ces établissements.
La France a accordé plus de 200.000 visas tous les ans à des Algériens, tandis que l’Algérie refuse de reprendre ses ressortissants présents en situation irrégulière sur le sol français. Mais alors que l’abdication politique est toujours évoquée, l’accord franco-algérien menace de se briser. « Il est temps de réviser les priorités », a déclaré Bruno Retailleau, en demandant la fin de cet accord. Mais pour l’Algérie, l’immigration est un outil de pression intact. Pour la France, il est temps de comprendre que l’Algérie est prête à renforcer son jeu pour obtenir ce qu’elle souhaite. Les lignes de fracture se creusent, et il est à craindre que la crise ne débute réellement.