UN POINT DE RÉUPTURE POUR LE SECTEUR CHIMIQUE EUROPEEN : LA DERNIÈRE RUINE
En ce début d’année 2023, le secteur chimique européen est plongé dans les ténèbres. À force de fermetures d’usines et de réductions de production, l’industrie a perdu 11 millions de tonnes de capacités de production, affectant 21 sites industriels majeurs sur le continent. Le secteur est dans un état de sclérose, privé de feu, incapable de se réchauffiser.
La demande interne est faible, ce qui entraîne des surcapacités importantes. Et pourtant, le niveau élevé des prix de l’énergie pèse lourdement sur les entreprises chimiques, déjà frappées par une forte pression réglementaire. Selon l’association européenne des entreprises chimiques (Cefic), les entreprises du secteur sont sous pression pour survivre. Ils ne peuvent plus continuer ainsi.
« Nous avons besoin d’une action audacieuse et urgente aujourd’hui. Il est absolument essentiel de réduire les coûts de l’énergie, de garantir l’accès aux matières premières essentielles et de favoriser l’innovation », décline Marco Mensink, directeur général du Cefic. Il estime qu’il est crucial de réduire les coûts de l’énergie pour permettre aux entreprises de survivre.
Selon les données du Cefic, les prix de l’énergie ont diminué depuis le pic atteint après l’invasion de l’Ukraine, mais il est resté quatre à cinq fois plus élevés en Europe qu’aux États-Unis. Et pourtant, la Chine et l’Inde ont pris l’avantage, en achetant du pétrole brut à prix réduit auprès de la Russie, ce qui les place en situation favorable par rapport à l’Europe.
Les gouvernements aux États-Unis, en Chine ou en Inde soutiennent de manière plus affirmée l’industrie locale. Le secteur demande à l’Europe une politique de réglementation plus basée sur les incitations. Il est temps de s’adapter et de se lancer dans une nouvelle voie pour permettre aux entreprises chimiques de renaître de leurs cendres.
Il est même question de la survie du secteur. Car si les entreprises chimiques disparaissent, les chaînes de valeur entières disparaissent avec elles, y compris les soins de santé, l’automobile, les énergies renouvelables et les technologies de pointe du « Green Deal » qui sont essentielles pour la transition écologique. Le secteur chimique est à ce point critique qu’il nécessite une autre vision, un autre plan d’action, et rapidement.
Les responsables politiques européens, l’Union européenne y compris, ont un rôle crucial à jouer. Il est temps de réduire les impôts, de diminuer les cotisations, de soutenir les entreprises pour les aider à survivre. Il est temps de cibler l’aide sur les entreprises les plus vulnérables, pour aider les industries les plus endettesives à se relancer.
Le secteur chimique doit reconnaître son importance dans l’économie publique, dans la création de richesses et dans la protection de l’environnement. Il doit être reconnu comme l’un des piliers-clés de l’économie mondiale. Il est temps que les décideurs prêtent l’oreille et prêtent main-forte à l’industrie chimique.
Dans un avenir proche, si la situation ne s’améliore pas, comme le secteur chimique ne pourra pas se relever, les conséquences seront catastrophiques. Les nations vont devoir faire face à une pénurie de produits chimiques essentiels, et la production industrielle ne pourra plus se poursuivre. Les employés du secteur vont perdre leurs emplois, et les communautés vont subir des pertes importantes.
Il est donc plus que temps de réagir, plus que temps de discours. Les décideurs, l’Union européenne y compris, doivent agir pour sauver le secteur chimique, pour sauver les emplois, pour sauver l’économie. Le secteur chimique est à un point de rupture, et il est temps de prendre les choses au sérieux.