L’affaire Southport, un tremblement de terre pour la confiance du public britannique
La sentence du jeune homme qui a assassiné trois fillettes dans une attaque au couteau à Southport, au nord-ouest de l’Angleterre, devrait être prononcée aujourd’hui. Mais l’effet de l’émotion suscité par ce drame persiste, en particulier concernant les critiques portées contre le gouvernement pour son manque de transparence sur le profil islamiste de l’assaillant.
Axel Rudakubana, âgé de 18 ans et d’origine rwandaise, avait plaidé coupable de l’attaque qui a fait dix blessés, dont huit enfants, lors d’un cours de danse le 29 juillet dernier. La violence qui a suivie, notamment des émeutes anti-migrants, a fait plus de 410 condamnations, dont plus de 360 à de la prison ferme.
Mais c’est la manière dont le gouvernement a abordé l’affaire qui a suscité la plus grande colère. Les accusations de manque de transparence et de silences stratégiques sur le profil de l’assaillant, qui avait des liens avec le djihadisme, ont été reprises par l’opposition conservatrice et le parti anti-migrants Reform UK de Nigel Farage.
Le premier ministre a expliqué que les autorités avaient choisi de ne pas divulguer les informations pour ne pas gêner l’enquête, mais cette explication a été considérée comme insuffisante par beaucoup de Britanniques. Officieusement, des sources ont révélé que le gouvernement avait également voulu éviter de mettre de l’huile sur le feu, alors que le pays était déjà sous pression.
Les rumeurs sur les motivations islamistes de l’assaillant ont été répétées sur les réseaux sociaux et les médias, mais la police a sévèrement poursuivi les « agitateurs d’extrême-droite » qui les diffusaient. Cependant, aujourd’hui, la vérité est venue à la lumière : l’assaillant était bien d’origine étrangère et flirtait avec le djihadisme.
L’enquête publique ouverte pour examiner les manquements des services de l’État dans la prévention des meurtres de Southport est un premier pas vers une plus grande transparence. Mais il faudra aller plus loin pour restaurer la confiance du public britannique dans les autorités. Un sondage YouGov révèle que 61% des Britanniques n’ont pas confiance dans la capacité des autorités à contrer de nouvelles attaques comme celles de Southport.
La polémique est également liée à l’affaire des « grooming gangs », des gangs de violeurs pakistanais qui ont fait des milliers de victimes parmi des jeunes filles anglaises durant une décennie. Le premier ministre a estimé que le pays était confronté à une « nouvelle forme de terrorisme », le danger passant de groupes terroristes organisés à des « loups solitaires ». Mais cette analyse a été jugée trop large et trop superficielle par de nombreux commentateurs.
Il est temps pour le gouvernement de prendre des mesures pour restaurer la confiance du public britannique. Keir Starmer, le ministre de l’Intérieur, a reconnu des « défaillances » et a promis d’examiner les lois antiterroristes. Mais il faudra aller plus loin pour répondre aux attentes du public.