Les résidences secondaires : un phénomène qui empoisonne la ville?
Les habitants de Paris s’attendent à trouver de l’espace pour vivre, pour s’installer et pour se faire une place dans la capitale. Mais comment peut-on discuter de mixité sociale, de diversité et de rénovation urbaine lorsque les biens immobiliers sont considérablement sous-allocés? Dans ce contexte, deux dignitaires publics parisiens, Ian Brossat, sénateur de Paris, et Jacques Baudrier, adjoint à la mairie de Paris, se positionnent nettement contre le phénomène des résidences secondaires, qu’ils qualifient d’« un poison pour la ville ».
Selon l’Observatoire des résidences secondaires en France, l’Île-de-France est la région la plus affectée par le phénomène des résidences secondaires. En 2019, selon les données, plus de 20% des logements sont des résidences secondaires. Cela représente plus d’un million d’unités, qui alimentent la speculation immobilière et la poussent encore plus loin le prix des habitations.
L’adjoint à la mairie de Paris, Jacques Baudrier, estime que les résidences secondaires participent à une forme de dérive immobilière qui réduit les capacités d’accès à la propriété aux Parisiens les plus modestes. «Les résidences secondaires, ce sont des propriétés que les gens gardent pour profiter de leurs vacances, mais qui empêchent les jeunes et les familles de s’installer dans la ville », regrette-t-il.
Ian Brossat, sénateur de Paris, partage le même point de vue. «Les résidences secondaires contribuent à renforcer les déséquilibres socio-spaciaux à Paris. Cela signifie que les locataires sont de plus en plus nombreux à quitter la capitale pour s’installer à la campagne ou dans d’autres villes, ce qui nuit à la mixité sociale et à l’identité de la ville », soulève-t-il.
Les deux élués vantent également le rôle du logement comme un droit de l’homme et comme une condition essentielle pour les citoyens. Selon eux, l’absence de régulation des résidences secondaires réduit les opportunités pour les jeunes générations d’accéder à un logement à proprement parler. «Le gouvernement doit adopter des mesures pour rendre les résidences secondaires plus difficiles à acquérir et à garder pour les non-Pariisiens », propose Brossat.
Les opposants au phénomène des résidences secondaires soulignent également les inégalités qui en résultent. Ainsi, il est plus facile pour les acheteurs occasionnels de bénéficier des avantages fiscals attachés à l’acquisition d’un deuxième logement que pour les habitants résidents. Le système actuel, qui laisse les propriétaires de résidences secondaires bénéficier de la taxation foncière spéciale et de la reduction d’impôt sur le revenu pour les loyers non imposables, favorise les non-Parisiens aux dépens des habitants de la capitale.
Les élus parisiens estiment qu’il est important de promouvoir une loi sur les résidences secondaires, qui définirait clairement les conditions pour acquérir et conserver un deuxième logement, et qui prendrait en compte les besoins des habitants résidents.
En fin de compte, pour Ian Brossat et Jacques Baudrier, la lenteur administrative et la négligence des politiques publiques permettent à l’îlot de résidences secondaires de se perpétuer dans la capitale. « Les résidences secondaires ne sont pas un héritage qui doit être transmis, c’est un héritage à briser pour permettre un avenir durable à la ville », affirme Baudrier.
Mais les résidents de Paris attendent que le gouvernement s’engage clairement en faveur d’une nouvelle approche vis-à-vis des résidences secondaires, qui ne perdra pas la ville de Paris.