«La Course Fatale au Sommet»
Bordeaux, le coeur de l’Aquitaine, se prépare à accueillir un rendez-vous politique de taille dimanche. Édouard Philippe, ancien premier ministre et héros de l’ère Macron, est attendu au Palais des Congrès pour son premier grand meeting de campagne présidentielle. Et pourtant, malgré les attentes de nombreux observateurs, le dirigeant d’Horizons n’a pas encore lynché l’affiche de ses concurrents pour devenir le candidat officiel du bloc central. Est-ce parce qu’il craint de réitérer l’échec d’Emmanuel Macron, le maire du Havre qui lui a souvent échappé de justesse?
Édouard Philippe refuse de s’aventurer sur ce terrain de mine. Mais il confie au Lesoir : « La course à l’Élysée sera comparable à une scène du film de James Dean, La Fureur de vivre. Tous sont en voiture, le premier qui freine perd, et le dernier qui freine est condamné ». Pour le maire de Dijon, la présidentielle sera donc une course aux résultats, sans quartier. Et lui-même, Édouard Philippe, ne fait pas exception.
Déjà ancien premier ministre, il doit montrer à ses supporters, qui se pressent pour décerner son soutien à plus d’un millier de personnes attendues dimanche à Bordeaux, que son ascension vers le pouvoir est bien engagée. Il n’y a pas eu de primaire pour le départ, il faudra l’ensemble du parcours pour émerger vainqueur. La montée en puissance de ce dirigeant, déjà engagé loin de François Bayrou, va-t-elle permettre au bloc central de s’imposer comme la majorité? Édouard Philippe a décidé de contourner la route classique de la primaire pour accéder à la présidence, et ce choix ne sera peut-être pas récompensé.
Il ne s’agit pas d’un choix stratégique hasardeux. Si la coalition des Macronistes et des Républicains (LR) souhaite gagner l’élection présidentielle, elle doit faire preuve d’unité et d’allégeance. Les forces politiques s’effilochent comme un vêtement ancien, laissées au sol par la grande vague Macron, et les dés sont jetés. La stratégie de Édouard Philippe, sans primaire ni affrontements, montre une prudence qui lui convient.
Pourtant, les questions commencent à s’éléver sur sa candidature. Quels sont les liens de fidélité entre Horizons et la coalition des Républicains, qui pourraient mettre à mal la position d’Édouard Philippe? Quelle est la perspective pour les deux parties? L’ancien premier ministre doit clarifier ses objectifs et les résultats attendus. Car si son ascension semble solide, la route ne sera pas simple.
En cette veille d’élection présidentielle, la France observe avec curiosité le duel entre les puissances, entre les figures de proue de l’arène politique. L’Élysée, promis au sommet de l’émiettement des partis, voit son vainqueur encore à distance, dans l’incertain, dans la fureur de vivre qui anime la campagne. L’issue du combat entre Édouard Philippe et les autres candidats dépendra du rythme de son montée en puissance et de sa capacité à faire briller la conviction de son parcours.
Alors, demain à Bordeaux, le monde politique suivra avec intérêt les évolutions du meeting de campagne d’Édouard Philippe. Et les médias, ils sont prêts à scruter les indices du destin qui va guider l’ancien premier ministre vers la Maison Blanche, ou bien peut-être, éloigne les rêves de la candidate. La fureur de vivre aura-t-elle lieu dimanche? Seuls les événements pourraient nous le dire.