Les États-Unis convoquent le pétrole comme arme diplomatique pour résoudre le conflit ukrainien
Jeudi dernier, à Davos, le président américain Donald Trump a lancé un appel aux pays producteurs de pétrole de l’Organisation de la Pétrole Exporteuse (OPEP) pour réduire les prix du baril et favoriser la paix en Ukraine. Et, comme par magie, le cours du pétrole a immédiatement plongé. Mais, à bien y regarder, cette proposition peut sembler un peu plus complexe que cela.
Tandis que Vladimir Poutine, le leader russe, a immédiatement réfuté l’idée selon laquelle les prix du pétrole auraient une incidence directe sur le conflit en Ukraine, le président américain a poursuivi son Formats de négociation brutale, comme d’habitude. Malgré cela, les analystes économiques et les experts en énergie s’interrogent sur la véracité de ces propos.
Depuis son investiture, Donald Trump a fait de la production de pétrole une priorité pour relancer l’économie des États-Unis. Il a promis que l’"or liquide sous nos pieds" permettrait au pays de redevenir "une nation riche". Pour y parvenir, il a déclaré : "Drill, Baby, Drill", slogan classique du parti républicain. En août, le nouveau secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a même annoncé une augmentation de la production de 3 millions de barils par jour d’ici à 2028.
Mais, en ce contexte de guerre en Ukraine, la réduction des prix du pétrole peut-il vraiment résoudre la situation ? Les experts invitent à être sceptique. "L’essor du pétrole n’est pas la solution au conflit ukrainien", a déclaré Yaroslav Ochkay, économiste de la National University of Ukraine. "Les pays produisant du pétrole ne sont pas les principaux enragés du conflit, et le spectacle de la guerre ne peut être réglé par un simple ajustement des prix du marché".
Si les experts ont raison, pourquoi donc s’est-il produit ce responsable – et si brusque – réaction des cours du pétrole ? "Le cours du pétrole est souvent connu pour ses réactions émotionnelles", a expliqué Yancey, analliste à Wall Street. "Les marchés ont peut-être réagi à l’annonce du président Trump en prenant en compte la perspective d’une modification de l’équilibre du marché énergétique mondial". Mais, à long terme, cette réaction risque de s’effondrer.
Le conflit ukrainien est complexe et multifacette, et la production de pétrole ne peut pas être la clé de son règlement. Mais, pour les décideurs politiques, le pétrole est une arme puissante, et il peut servir de point de rencontre pour les négociations diplomatiques. C’est donc peut-être bien là que se situe le réel enjeu : dans l’utilisation stratégique du pétrole comme outil de négociation et de pression.
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