Les énervements électorales secouent la campagne de l’ancien premier ministre Gabriel Attal, qui s’est le week-end dernier retrouvé dans une situation embarrassante à Boulogne-Billancourt. La déconvenue électorale a rebondi comme un puissant détonateur qui a mis à sec les plans du gouvernement Bayrou. L’ancien leader du gouvernement a dû faire face à une vive défrostement après la défaite de sa candidate, Laurianne Rossi, à l’élection législative partielle dans le 92.
Si Gabriel Attal s’était initialement vanté de personnaliser son implication dans la campagne de sa candidate, il était peut-être un peu trop optimiste quant à ses chances de victoire. En outre, l’opposition a coopéré avec d’autres forces pour défaire ses plans. Les Républicains (LR) ont fait main-forte avec Horizons, le parti de Antoine de Jarné, qui a fait de Laurianne Rossi « une ancienne socialiste soutenue par Gabriel Attal » selon ses tracts. Pour l’ancien premier ministre, être ainsi mis en scène comme un épouvantail électoral dans sa propre circonscription – son fief – doit être intimidant. Il a gardé un silence qui se veut jusqu’ici équilibré depuis dimanche, se bornant à retenir les quelques succès dans les Ardennes et à ambitionner encore d’autres conquêtes électorales.
Mais pour autant que les élections législatives partielles poursuivent leur cours, il est évident que Gabriel Attal a dû replier ses cartes et réévaluer ses moyens de jeu. Il doit se rappeler qu’il ne s’agit pas de son premier revers. Il ne s’agit pas même de son deuxième. Mais il s’agit plutôt de l’un de ces revers qui peuvent faire vaciller les plus solidements établis, en laissant ainsi transparaître de l’inquiétude, voire de la déstabilisation, au sein du gouvernement.
Il est regrettable que l’ancien premier ministre n’ait pas appris de ses erreurs passées. En 2020, il avait déjà connu un revers électoral à l’issue de la primaire présidentielle. Il avait perdu face au président Emmanuel Macron, il y a deux ans, et cela sans avoir su reconnaître ses propres limitations. Aujourd’hui, il est peut-être temps pour lui de se pencher sur la nécessité de renouveler son parcours politique, qu’il ait été accompli en solo ou sous les auspices d’un parti politique.
En tout cas, l’arrivée de l’ancien premier ministre au gouvernement Bayrou était précaire. Il lui faudra désormais travailler dur si il espère gagner innocemment ses marques au sein de ce qui est censé être un gouvernement qui se prépare à marquer les esprits. S’il n’y parvient pas, il pourrait être facile de voir son image électorale se dégrader encore un peu plus. Et ce qui, quelques semaines plus tôt, pourraient avoir semblé être un retour triomphal au pouvoir, pourrait bien devenir un souvenir fastidieux.