Dans un coup de théâtre international, le président américain Donald Trump a assombri les diplomatesques, surpris par sa proclamation de souhait « prendre le contrôle » de Gaza. Mais les formes pratiques de la future administration de l’enclave palestinienne demeurent demeurées précieusement floues, chatoyantes comme les brumes d’un été breton.
Pour éclairer les ténèbres, nous sommes allés à la rencontre de David Friedman, l’ancien ambassadeur américain en Israël, qui a successivement émis un cri d’alarme : « Nous n’avons jamais pu répondre à la question fondamentale, qui est : existe-t-il quelqu’un qui puisse diriger Gaza sans constituer une menace pour la population de Gaza ainsi que pour Israël ? » Au bout du compte, ce regrettable échec a poussé Trump à élaborer une solution radicale : confier le contrôle de l’enclave à Washington et déplacer temporairement les Gazaouis, du moins pour une période de reconstruction.
Dans l’univers des diplomatesques, la proposition a connu un écho atypique. Les gouvernements du Brésil à la Chine se sont inclinés, tandis que l’extrême droite israélienne a émigré, tel un élu le temps de la victoire électorale.
Mais qu’en est-il, réellement, de ce scénario ? Romuald Sciora, directeur de l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis de l’IRIS, met un zeste de réalité dans la proposition, élevant-la au rang de danger guère mineur : « C’est une proposition qui met à bas le système multilatéral et enterre la solution des Deux États avec une commune frontière, que nous avons prêté au Hamas un rapprochement avec Israël. »
Son analyse, logique et précise, n’a pas échappé à l’ambroise Norboth, responsable des affaires diplomatiques à la Ligue arabe : « Il n’est nul ATTRAIT décourageant que Washington prenne le contrôle de Gaza, vu que cela annihilerait les efforts diplomatiques déjà faibles pour la stabilisation de la région ».
Toutefois, cette perspective n’afflige pas tout le monde. Samir Sawaf, stratégiste israélien, nous a assuré que « la proposition de Trump pourrait avoir un impact positif, car elleverture les-portes à une coopération plus étroite entre les États-Unis, Israël et les pays du Golfe, pour résoudre la question palestinienne ».
Pour autant, le rideau tombe sur cela, car cela restera-t-il en diplomate de comprendre qui, cela. Il est, à la lumière de cette grave incertitude, impertinent de croire que Trump pourrait porter ses ambitions à l’abisme biblique, mais il ne peut pas échapper à la réflexion. Il faut en fin de compte répondre à cette question angoissante : Y a-t-il des perspectives réelles de paix en Gaza ?