Les fonctionnaires fédéraux américains dans le viseur d’un groupe conservateur
Un groupe conservateur américain, l’American Accountability Foundation, a publié une liste de 57 fonctionnaires fédéraux américains qui, selon eux, soutiennent des politiques de diversité et d’inclusion. Cette liste, intitulée "DEI Watch List", indique les noms et les photos de ces fonctionnaires, ainsi que leurs postes, leurs salaires et leurs expériences professionnelles passées. L’organisation exhorte Donald Trump à les licencier en raison de leurs critiques à son égard ou de leur soutien financier à des causes du Parti démocrate.
C’est une nouvelle étape dans la campagne menée par l’American Accountability Foundation contre les personnes travaillant pour le gouvernement américain. Depuis l’élection de Donald Trump, l’association a multiplié les actions contre les fonctionnaires fédéraux qui ne partagent pas ses idées conservatrices. En décembre 2024, l’organisation avait envoyé au chef du département de la Défense une liste de 20 dirigeants de l’armée soupçonnés d’être des "idéologues wokes".
Le site "DEI Watch List" est un véritable outil de surveillance des fonctionnaires fédéraux. Il répertorie de façon très précise les informations relatives à chaque personne, y compris leurs postes, leurs salaires, leurs expériences professionnelles passées, les dates et les montants des dons faits à des mouvements politiques, les postes sur les réseaux sociaux relatant des tendances dites "wokes", ainsi que les publications critiquant Donald Trump et son administration.
Par exemple, un analyste de santé publique du Centre pour le contrôle et la prévention des maladies est affiché sur le site car il se décrit sur sa page LinkedIn comme un "agent en faveur d’un changement en matière de diversité, d’équité et d’inclusion". Il y est également écrit qu’il a effectué un stage "au sein d’une organisation qui a inscrit des personnes aux avantages de l’Obamacare". Le site conclut qu’en raison de ces opinions, il est "peu apte" pour son travail actuel.
Le fléau des bureaucrates wokes
Tom Jones, le président de l’American Accountability Foundation, prévoit de mettre à jour ces listes et d’y inclure les employés d’autres agences fédérales. Il souhaite mettre en avant les personnes qui ont refusé l’offre de démission de Donald Trump. "Le fléau des bureaucrates wokes, partisans de l’ouverture des frontières qui entravent la sécurité des frontières et facilitent l’invasion de notre pays, doit être porté à l’attention du peuple américain", indique-t-il sur son site.
La Fédération américaine des employés du gouvernement (AFGE), qui représente près de 800 000 fonctionnaires fédéraux aux États-Unis, a réagi à la suite de l’annonce de la création de ce site en le qualifiant de "tactique d’intimidation visant à menacer les travailleurs fédéraux et à semer la peur".
Un réseau de soutien conservateur
L’American Accountability Foundation a reçu ces dernières années plusieurs subventions de la part des proches de Donald Trump et d’organisations conservatrices. L’association a notamment entretenu des liens avec l’America First Legal Foundation, une organisation juridique conservatrice fondée par Stephen Miller, le conseiller en politique à la Maison-Blanche. En 2022, ce réseau de juristes s’était déclaré comme l’entité en charge de l’American Accountability Foundation et lui avait versé 25 000 dollars.
L’American Accountability Foundation avait également touché plus de 100 000 dollars de dons de l’Heritage Foundation, un cercle de réflexion conservateur et trumpiste à l’origine d’une feuille de route pour le deuxième mandat de Donald Trump intitulée "Projet 2025". Ce plan prévoyait un programme ultraconservateur avec une purge au sein des agences fédérales et une expulsion massive de sans papiers. Le groupe conservateur présidé par Tom Jones a également perçu plus de 500 000 dollars de donations par le Conservative Partnership Institute, une organisation conservatrice qualifiée par le quotidien new-yorkais comme l’"incubateur" des politiques du nouveau président républicain.
Un climat de peur et d’intimidation
La création de la "DEI Watch List" et les actions de l’American Accountability Foundation créent un climat de peur et d’intimidation au sein des agences fédérales américaines. Les fonctionnaires fédéraux qui ne partagent pas les idées conservatrices de l’organisation risquent de se retrouver sur la liste et d’être licenciés. C’est une situation inquiétante qui pourrait avoir des conséquences graves sur la démocratie américaine et la liberté d’expression.
Il est important de noter que la "DEI Watch List" est un outil de surveillance qui pourrait être utilisé pour intimider et contrôler les fonctionnaires fédéraux. Il est essentiel de protéger la liberté d’expression et la démocratie américaine en s’opposant à ces tactiques d’intimidation et en défendant les droits des fonctionnaires fédéraux à exprimer leurs opinions sans crainte de répercussions.