Le Nouveau Visage de la Syrie : Ahmed al-Charaa, un Ex-Djihadiste au Pouvoir
Deux mois après la chute du dictateur Bachar el-Assad, la Syrie est plongée dans une période de transition incertaine. Le pays, divisé et en ruine, tente de se reconstruire sous la houlette d’un nouvel homme fort : Ahmed al-Charaa, un ex-djihadiste qui a été désigné président par intérim par les chefs de groupes armés. Mais qui est vraiment cet homme qui a pris les rênes d’un pays en proie à la crise ? Est-il un islamiste opportuniste, capable d’évoluer comme le soutiennent certains, ou un ex-djihadiste qui cache son jeu, comme le redoutent d’autres Syriens ?
Pour tenter de répondre à ces questions, nous avons mené une enquête à Damas et au Proche-Orient, rencontrant plusieurs ministres des Affaires étrangères et diplomates qui ont eu affaire à Ahmed al-Charaa, ainsi que des proches de l’homme lui-même. Les témoignages recueillis permettent de dresser un portrait complexe et nuancé d’un personnage qui a su séduire certains par son intelligence et son ouverture, tout en inquiétant d’autres par son passé de djihadiste.
Un Intellectuel Autodidacte
Selon un ministre des Affaires étrangères qui a rencontré Ahmed al-Charaa pendant trois heures, l’homme est "dangereusement intelligent". "Je l’ai trouvé très bien informé, aussi bien au plan international que régional", confie-t-il. "J’ai été surpris par ses connaissances, venant d’un djihadiste qui n’a pas fait d’études. Lorsque je lui ai demandé d’où venaient ses acquis, il a répondu qu’il était issu d’une famille politisée inscrite dans la lutte contre le régime de Bachar el-Assad depuis des décennies." Cette famille, ajoute-t-il, a joué un rôle important dans la formation de l’homme qui est aujourd’hui à la tête de la Syrie.
Un Passé de Djihadiste
Ahmed al-Charaa a effectivement un passé de djihadiste. Il a combattu aux côtés de groupes islamistes en Syrie, avant de se rallier à la cause de l’opposition au régime de Bachar el-Assad. Mais si son passé est celui d’un djihadiste, son présent semble être celui d’un homme ouvert et pragmatique. "Il est capable d’écouter et de comprendre les différentes sensibilités", affirme un diplomate qui l’a rencontré à plusieurs reprises. "Il a une vision pour la Syrie, qui est celle d’un pays uni et démocratique, où les droits de l’homme sont respectés."
Des Concessions et un Affermissement du Contrôle
Depuis qu’il est à la tête de la Syrie, Ahmed al-Charaa a fait quelques concessions importantes. Il a ainsi accepté de libérer des prisonniers politiques et de mettre fin à certaines restrictions imposées par le régime de Bachar el-Assad. Mais il a également affermi son contrôle sur un pays divisé et en ruine. Les groupes armés qui l’ont désigné président par intérim ont ainsi renforcé leur présence dans les rues de Damas, tandis que les forces de sécurité ont été réorganisées pour répondre aux besoins de la nouvelle autorité.
Un défi de taille
Le défi qui attend Ahmed al-Charaa est considérable. La Syrie est un pays en proie à la crise, avec des millions de réfugiés, des villes en ruine et une économie en berne. Le pays est également divisé, avec des groupes armés qui défendent des intérêts contradictoires. Mais si le nouveau président par intérim a su séduire certains par son intelligence et son ouverture, il lui faudra également convaincre les autres de sa bonne foi et de sa capacité à reconstruire un pays dévasté. Les prochains mois seront donc cruciaux pour déterminer l’avenir de la Syrie et celui de l’homme qui la dirige aujourd’hui.
Un pays en attente
Pour l’heure, les Syriens attendent avec espoir et anxiété les décisions qui seront prises par leur nouveau leader. "Nous voulons la paix, nous voulons la démocratie, nous voulons que nos enfants puissent grandir dans un pays où ils ont un avenir", affirme une Syrienne qui a fui la guerre et qui vit aujourd’hui en exil. "Mais nous avons également peur de ce qui peut arriver si les choses ne vont pas dans le bon sens." Les Syriens ont ainsi les yeux fixés sur Ahmed al-Charaa, en attendant qu’il prenne les décisions qui permettront à leur pays de se reconstruire et de trouver enfin la paix. Seul l’avenir dira si cet ex-djihadiste sera capable de relever les défis qui l’attendent et de donner à la Syrie l’avenir qu’elle mérite.