Le Mouvement des Lycéens Algériens : Une Révolte Contre la Charge Scolaire
Depuis la matinée de ce lundi 20 janvier 2025, les réseaux sociaux, notamment TikTok, ont été envahis par des dizaines de vidéos montrant des centaines de lycéens algériens marchant vers les directions de l’éducation des wilayas. Cette mobilisation inattendue, qui prend visiblement de l’ampleur, s’inscrit dans le cadre d’un mouvement de grève pour protester contre la charge jugée excessive du programme scolaire. Les élèves, qui se disent « harassés » par la lourdeur des programmes scolaires, appellent à une « mobilisation nationale » en désignant les directions de l’éducation de chaque wilaya comme les points de ralliement de la contestation.
Les appels à une grève générale pour le 19 janvier 2025 avaient été massivement partagés sur les réseaux sociaux, notamment TikTok. Un communiqué non signé circulant sur la même plateforme exposait les revendications et recommandations des lycéens. Selon ce document, les élèves mettent en garde contre tout éventuel débordement et soulignent que les élèves qui se hasarderaient à « chanter », « insulter » ou à « commettre des vols » seraient « sévèrement punis », sans toutefois préciser la nature des sanctions, ni la partie appelée à les appliquer.
Les vidéos relayées en ligne montrent des foules d’élèves marchant dans plusieurs wilayas du pays, notamment à Tlemcen, Batna, Sétif, Bordj Bou Arréridj, Tizi Ouzou, Skikda et Biskra. Mais rien ne permet d’authentifier tous les endroits où les manifestations ont eu lieu. Dans certaines vidéos, on voit des manifestants brandissant des slogans, parmi lesquels « un nouveau ministre pour un nouveau programme », résumant ainsi une de leurs principales revendications.
Une des vidéos circulant sur TikTok montre même un responsable, présenté comme le directeur de l’éducation de la wilaya de Batna, entouré de policiers, s’adressant aux élèves en les appelant au calme et en tentant de les rassurer. « Le wali a été informé de la situation et je m’engage pour me déplacer dans les établissements scolaires et à examiner vos doléances », leur lance-t-il.
Ce mouvement que personne n’a vu venir et dont la presse n’a pas eu vent avant que les vidéos n’enflamment la toile n’a pas manqué de susciter des réactions. L’Union nationale des parents d’élèves a mis en garde contre ce qu’elle qualifie de « complot », tout en annonçant l’entame de la révision des programmes scolaires par le ministère pour répondre aux besoins des élèves.
Cependant, ce communiqué de l’Union nationale des parents d’élèves présente une contradiction, selon des internautes. D’un côté, il met en garde contre un prétendu complot, et de l’autre, il affirme que le ministère a commencé à revoir les programmes pour répondre aux besoins des élèves. De quoi soulever la question : si complot il y a, cela remet en cause la légitimité des revendications. Or, la réaction du ministère prouve que ces revendications sont justifiées, rendant tout discours sur un complot incohérent.
Sur les réseaux sociaux, de nombreuses réactions d’internautes ont été enregistrées, oscillant entre ceux qui s’interrogent sur la spontanéité du mouvement et ceux qui estiment que l’esprit du Hirak anime toujours la jeunesse algérienne malgré la répression. Certains estiment que ce mouvement est le signe d’une prise de conscience de la part des élèves, qui refusent de se soumettre à une charge scolaire excessive et exigent une révision des programmes pour améliorer leur conditions d’études.
D’autres, en revanche, s’interrogent sur les motivations réelles derrière ce mouvement, et se demandent si les élèves sont vraiment les maîtres de leur propre mobilisation. La question de la manipulation est ainsi posée, avec certains qui craignent que des forces extérieures ne soient à l’origine de ce mouvement, dans le but de semer la pagaille et de déstabiliser le pays.
Quoi qu’il en soit, ce mouvement des lycéens algériens a déjà provoqué une prise de conscience nationale sur la question de la charge scolaire et des conditions d’études. Les autorités sont ainsi sommées de prendre des mesures pour alléger la charge scolaire et améliorer les conditions d’études, sous peine de voir le mouvement se poursuivre et s’amplifier.
En attendant, les élèves continuent de manifester, brandissant leurs slogans et leurs pancartes, et refusant de se laisser intimider par les menaces de sanctions. Leur détermination et leur courage sont ainsi salués par de nombreux Algériens, qui voient en eux l’espoir d’un avenir meilleur pour le pays. Le mouvement des lycéens algériens est ainsi devenu un symbole de résistance et de lutte pour les droits, et il est à craindre que les autorités ne soient pas en mesure de le faire taire facilement.