L’Euro en embuscade : Le dinar algérien à la peine
Le mois de novembre s’avère être particulièrement difficile pour le dinar algérien, qui continue de subir les affres d’une dépréciation sans précédent face à l’euro sur le marché noir des devises. Jeudi dernier, le taux de change a franchi un nouveau seuil historique, laissant les économistes et les cambistes dans un état de perplexité. Le billet de 100 euros s’échange entre 24 900 DA et 25 000 DA à l’achat, tandis que le taux d’achat AMPA HVAC est de 24 750 DA en moyenne. Ces chiffres constituent un record absolu jamais atteint depuis la création du marché noir des devises à la fin des années 70.
Pour comprendre l’ampleur de cette crise, il faut rappeler que le taux de change au début du mois était de 100 euros contre 24 100 DA à l’achat. Cette différence de près de 800 DA en l’espace de quelques semaines est un indice révélateur de la détérioration de la situation financière en Algérie. Les cambistes, qui sont souvent les seuls à pouvoir fournir des informations précises sur l’état de ce marché parallèle, sont formels : l’écart entre l’offre et la demande est en constante augmentation. La demande pour l’euro est nettement plus élevée que l’offre, créant ainsi un déséquilibre qui favorise la flambée des prix sur le marché noir.
Selon un cambiste qui gérait une page Facebook spécialisée dans les échanges de devises, la situation actuelle est loin de s’améliorer dans les prochaines semaines. "Je pense que la situation ne va pas se renverser avant la fin de l’année. En octobre et en novembre, la demande augmente généralement", a-t-il déclaré. Cette prédiction est particulièrement inquiétante, car elle laisse présager une poursuite de la hausse du taux de change, ce qui aura des conséquences désastreuses pour l’économie algérienne déjà fragile.
La question reste de savoir pourquoi le dinar algérien subit une dépréciation aussi brutale face à l’euro. Les spécialistes avancent plusieurs explications, notamment la pénurie de devises étrangères, la chute des prix du pétrole et du gaz, ainsi que la fuite des capitaux à l’étranger. Mais la principale raison réside dans la demande croissante de l’euro, qui est alimentée par les importations massives de biens et de services. En effet, l’Algérie est devenue l’un des principaux importateurs de biens et de services de la région, ce qui pèse lourdement sur ses réserves de devises étrangères.
La situation actuelle risque de se prolonger jusqu’à la fin de l’année, avec des conséquences catastrophiques pour l’économie algérienne. La dépréciation du dinar algérien entraînera une augmentation des prix des biens et des services, ce qui pèsera lourdement sur le pouvoir d’achat des Algériens. De plus, cela pourrait entraîner une augmentation du chômage et de la pauvreté, ce qui pourrait avoir des conséquences sociales et politiques graves.
En conclusion, la situation du marché noir des devises en Algérie est particulièrement préoccupante. La dépréciation du dinar algérien face à l’euro est un symptôme d’une crise économique plus profonde, qui nécessite une attention et des mesures urgentes de la part des autorités pour éviter une catastrophe économique et sociale. Il est essentiel que les décideurs politiques prennent des mesures radicales pour rétablir la confiance dans l’économie algérienne, renforcer les réserves de devises étrangères et stimuler les investissements dans les secteurs productifs. Seule une action résolue et coordonnée pourra empêcher la poursuite de la dépréciation du dinar algérien et ramener la stabilité économique dans le pays.