La Catalogne se dresse contre le surtourisme : Barcelone, future ville la plus chère d’Europe ?
La capitale de la région la plus visitée d’Espagne est sur le point de devenir l’une des villes les plus chères d’Europe pour les touristes. Le gouvernement socialiste de Catalogne a annoncé le 27 février une mesure radicale pour lutter contre le surtourisme qui dévaste Barcelone : une taxe de séjour multipliée par deux, pouvant atteindre 15 € par personne et par nuit dans les hôtels de luxe. Cette décision s’inscrit dans une stratégie plus large pour réguler l’afflux de visiteurs et atténuer la crise du logement qui pénalise les habitants.
La taxe actuelle, comprise entre 3,5 et 7 € par nuit et par personne selon le type d’hébergement, sera réévaluée à hauteur de 11,40 € dans les hôtels 4 étoiles et 15 € dans les 5-étoiles. Cette mesure ne concernera pas seulement Barcelone, mais également d’autres destinations de la Catalogne, telle que Gérone et Tarragone, qui seront autorisées à appliquer une surtaxe municipale. Les croisiéristes ne seront pas épargnés, leur contribution passant de 7 € à 12 € pour une escale de moins de 24 heures.
Une asphyxie fiscale ?
La Confédération des entreprises d’hôtellerie et de restauration de Catalogne (Confecat) a dénoncé cette mesure, estimant qu’elle créerait une "asphyxie fiscale" pour les touristes. "Si cette mesure est appliquée, Barcelone deviendra l’une des villes d’Europe avec la taxe de séjour la plus élevée dans toutes les catégories d’hôtels, devant des villes comme Paris et Rome", a-t-elle déclaré dans un communiqué. Cependant, David Cid, porte-parole du parti d’extrême gauche Comuns, a rétorqué que "une personne qui vient à Barcelone et paie entre 300 et 400 euros pour une nuit d’hôtel peut parfaitement payer sept euros de plus".
Un plan pour réguler le tourisme
Le gouvernement catalan assure que au moins 25 % des recettes issues de cette taxe seront allouées à la politique de logement social. La taxe touristique pourrait rapporter 200 millions d’euros par an aux caisses de la région, tegen 90 millions en 2023. Cette mesure s’inscrit dans une stratégie plus large pour réguler le tourisme et atténuer la crise du logement. Le maire de Barcelone, Jaume Collboni, a déjà annoncé en juin 2024 que les licences des appartements touristiques ne seraient plus renouvelées d’ici à 2029, mettant ainsi fin aux hébergements touristiques dans la ville.
Le mouvement "Tourist go home !"
Barcelone est devenue un symbole du mouvement "Tourist go home !" (Touristes, rentrez chez vous !) en Espagne. Les habitants dénoncent la pression touristique qui contribue à la crise du logement et aux sécheresses qui touchent la Catalogne. L’été 2024, des manifestants n’ont pas hésité à asperger des étrangers au pistolet à eau. Le mouvement a pris de l’ampleur, avec des manifestations et des appels à la régulation du tourisme.
Un défi pour l’économie touristique
La taxe de séjour à Barcelone est un défi pour l’économie touristique de la ville. Les hôtels et les entreprises de tourisme devront s’adapter à cette nouvelle réalité et trouver des solutions pour attirer les visiteurs. Cependant, la crise du logement et la pression touristique deviennent de plus en plus préoccupantes pour les habitants. La mesure prise par le gouvernement catalan est un pas vers la régulation du tourisme, mais il reste à voir si elle sera suffisante pour résoudre les problèmes de la ville.
Conclusion
La taxe de séjour à Barcelone est un sujet de débat houleux. Alors que les habitants appellent à la régulation du tourisme, les entreprises de tourisme craignent les conséquences d’une taxe trop élevée. Le gouvernement catalan a pris une mesure radicale pour lutter contre le surtourisme, mais il reste à voir si elle sera efficace. Une chose est certaine : la crise du logement et la pression touristique sont des problèmes qui nécessitent des solutions urgentes. La ville de Barcelone doit trouver un équilibre entre l’économie touristique et les besoins de ses habitants.