La situation des expulsions des Algériens sous Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) continue de cristalliser les tensions entre la France et l’Algérie. Malgré les affirmations du gouvernement français selon lesquelles les expulsions ne sont pas suspendues, les refus d’Alger de récupérer certains profils jugés problématiques relancent le débat sur les accords migratoires entre les deux pays. L’OQTF est un outil utilisé par les autorités françaises pour expulser les étrangers en situation irrégulière, dont les Algériens constituent la majorité.
En effet, selon les chiffres publiés en 2024, 2 500 mesures d’expulsion ont été exécutées à l’encontre d’Algériens sous OQTF, un chiffre proche des 2 562 expulsions enregistrées en 2023. L’Algérie se retrouve ainsi en tête de liste des pays concernés par ces renvois, devançant largement le Maroc et la Tunisie. Cependant, ces expulsions se heurtent à des refus répétés de la part des autorités algériennes, notamment pour certains profils spécifiques considérés comme à risque.
Les refus d’Alger de délivrer des laissez-passer consulaires à certaines personnes ayant un lourd passé judiciaire, des troubles psychiatriques ou des antécédents terroristes sont régulièrement évoqués comme un point de tension entre les deux pays. Les Franco-Algériens déchus de leur nationalité française pour des crimes graves sont également concernés par ces refus, Alger estimant qu’ils n’ont pas à être renvoyés en Algérie alors qu’ils ont grandi et commis leurs actes en France. Cette position alimente les tensions entre les deux pays, au point que Paris menace de remettre en cause les accords migratoires de 1968.
Les accords migratoires entre la France et l’Algérie, signés en 1968, régissent les conditions d’entrée, de séjour et de travail des ressortissants algériens en France. Ces accords ont été conclus pour faciliter la circulation des personnes entre les deux pays, mais ils sont également censés prévoir les conditions de coopération en matière de lutte contre l’immigration irrégulière. Or, la situation actuelle montre que ces accords sont de plus en plus remis en question, notamment en raison des désaccords sur les expulsions des Algériens sous OQTF.
Selon Frédéric Lauze, secrétaire général du syndicat des commissaires de police, les refus d’Alger de coopérer à l’expulsion de certains profils spécifiques sont régulièrement constatés. Les autorités algériennes considèrent que ces personnes ne représentent pas une menace pour la sécurité nationale et que leur expulsion serait disproportionnée par rapport aux crimes commis. En revanche, les autorités françaises estiment que ces personnes constituent un danger pour la sécurité publique et que leur expulsion est nécessaire pour prévenir de nouveaux crimes.
La situation des expulsions des Algériens sous OQTF est donc devenue un sujet de tension majeur entre la France et l’Algérie. Les deux pays ont des intérêts contradictoires et des visions différentes sur la manière de gérer l’immigration irrégulière. Alors que la France cherche à renforcer sa politique de lutte contre l’immigration clandestine, l’Algérie est réticente à coopérer à l’expulsion de ses ressortissants, estimant que cela pourrait entraîner des conséquences négatives pour ses relations avec la communauté algérienne en France.
En tout état de cause, la question des expulsions des Algériens sous OQTF va continuer à être un sujet de débat entre les deux pays. Il est essentiel que les autorités françaises et algériennes engagent un dialogue constructif pour trouver des solutions qui prennent en compte les intérêts des deux pays et qui respectent les droits de l’homme. Les OQTF sont un outil indispensable pour la lutte contre l’immigration irrégulière, mais leur mise en œuvre doit être acompanhée d’une coopération étroite entre les pays concernés pour éviter les tensions et les conflits. La France et l’Algérie doivent trouver un équilibre entre la nécessité de lutter contre l’immigration clandestine et la nécessité de respecter les droits de l’homme et de préserver les relations bilatérales.