Le Chat Noir Venue Des Étoiles : L’Histoire Incroyable De Flow
Il est rare que le cinéma d’animation nous offre un conte aussi enchanteur et piégé dans les mêmes temps que Flow, le dernier film de Gints Zilbalodis. Ce long-métrage silencieux, produit par le français Ron Dyens, a pris d’assaut les cérémonies de récompenses sans précédent, rapportant à son réalisateur letton un Golden Globe, un César et un Oscar. Aujourd’hui, alors que Flow s’apprête à essere réédité sur plus de 200 écrans en France et disponible en Blu-ray, DVD et VOD, nous revenons sur l’histoire de ce chat noir qui a conquis le monde.
Pour comprendre comment un tel phénomène a pu avoir lieu, nous nous sommes entretenus avec Ron Dyens, le producteur français aux coulisses de cette aventure cinématographique. Fondée en 1999, sa société de production Sacrebleu a permis à de nombreux talents de se faire connaître, mais rien n’avait pu le préparer à l’épopée que Flow allait créer.
C’est au festival international d’animation d’Annecy, en 2019, que Ron Dyens découvre le premier film de Gints Zilbalodis, Away. Hypnotisé par la lenteur et la beauté du film, il décide de contacter le jeune réalisateur letton pour lui proposer de développer son prochain projet sous la bannière de Sacrebleu Productions. Le projet en question : Flow, un film sans dialogues mettant en scène un chat noir dans un monde inondé. Dyens se souvient : "J’ai été littéralement hypnotisé par la vision de son premier film. Il y avait déjà une sorte de lenteur, et comme la sensation de pouvoir observer un rêve en train de se dérouler."
Mais convaincre les investisseurs de soutenir un projet aussi atypique n’a pas été une tâche facile. Ron Dyens a dû développer une stratégie de séduction pour faire comprendre aux financiers les potentialités de Flow. "Il fallait réussir à convaincre des financiers de se détacher d’une grille de lecture classique, à les éloigner de leur zone de confort", explique-t-il. Il a utilisé des exemples comme The Artist et La Haine pour montrer que l’originalité et la différence pouvaient être des atouts majeurs pour un film.
L’autre argument de poids était, bien sûr, le charme du personnage principal : un petit chat noir aux yeux ronds et à la silhouette si reconnaissance. "Flow possède aussi beaucoup d’arguments de séduction en sa faveur, ne serait-ce que parce qu’il s’agit d’un petit chat très mignon, un élément qui rallie le plus grand nombre", souligne Dyens.
Une fois le financement acquis, la sortie du film a été orchestrée avec soin. Ron Dyens a cherché à créer une communauté autour de Flow, avec des initiatives comme la création de pin’s "I Saw it" pour les spectateurs qui avaient vu le film. Il voulait partager l’expérience émotionnelle et spirituelle que Flow procure, un film qui parle de résilience face aux changements et d’entraide. "Il part du principe que le monde court à sa perte mais qu’il faut être fort, souple, robuste et qu’il convient de s’entraider pour ne pas couler", résume Dyens.
Et puis, il y a eu les récompenses. Le triplé historique aux Golden Globes, aux César et aux Oscar a couronné le travail de l’équipe de Flow. Ron Dyens, qui avait cru en ce film desde le début, n’a pas été entièrement surpris par ces reconnaissances, même si la portée de ces distinctions est exceptionnelle. "Quand le film est sorti aux États-Unis, nous avons eu des critiques dithyrambiques. Flow cumule actuellement 20 millions de dollars au box-office mondial", rapporte-t-il. Le film continue de séduire les spectateurs à travers le monde, notamment en Chine où il a réalisé 150.000 entrées en un seul week-end.
Avec Flow, Ron Dyens et Gints Zilbalodis ont non seulement créé un film d’animation à part entière mais ont également prouvé que l’industrie cinématographique pouvait encore être surprise et conquise par des œuvres originales et audacieuses. Flow, ce chat noir venue des étoiles, est désormais un symbole de la puissance du cinéma à toucher les cœurs et à transmettre des messages universels, même dans un monde dominé par le bruit et la fureur. Sa générosité et sa capacité à faire rêver sont un espoir pour l’avenir du cinéma, et peut-être, pour nous tous.