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REPORTAGE – Dans une enclave de trois villages chrétiens maronites situés sur la « ligne bleue », encore relativement épargnés par la guerre entre Israël et le Hezbollah, les habitants s’efforcent de cultiver leurs vignes et de rester en dehors du conflit.
Envoyée spéciale à Rmeich
« Bienvenue à Rmeich. » Sur une colline en surplomb, un imposant panneau annonce l’entrée dans cette enclave de trois villages chrétiens maronites – pas plus de 15 000 habitants – comme si l’on pénétrait dans un paradis oublié. « Tout est calme ici », affirme Joseph Makhoul, qu’on trouve dans son vignoble à la sortie de Rmeich en train de débourrer ses vignes.
Son petit village agricole, tout comme Aïn Ebel et Debl, sont les derniers de la région frontalière encore préservés et réellement habités. « Israël détruit les régions où le Hezbollah est présent. Ici, le mouvement chiite n’opère pas, donc nous sommes épargnés », théorise ce géant aux cheveux et à la barbe blonds, en regardant les premières maisons d’Aïta al-Shaab, la commune chiite voisine, perchée sur une colline à seulement 500 mètres de distance – et pourtant inaccessible.
Derrière le ravin, c’est la guerre, la vraie. Personne n’y vit plus. Les raids israéliens ont été parmi les plus violents de l’histoire…
Les habitants de Rmeich, tout comme ceux d’Aïn Ebel et Debl, ont décidé de se concentrer sur leur quotidien et de laisser le conflit se dérouler au loin. « Nous avons nos vignes à entretenir, nos familles à nourrir. Nous ne voulons pas être mêlés à cette guerre », explique Monique Toufic, une habitante d’Aïn Ebel qui prépare son petit-déjeuner devant sa maison en pierre.
Malgré l’apparente tranquillité de ces villages, la tension est palpable. Les habitants savent que la guerre pourrait frapper à tout moment. Les enfants jouent dans les rues en regardant le ciel, craignant le grondement des avions de chasse. Les adultes vaquent à leurs occupations en gardant un œil sur les collines avoisinantes, où l’on sait que des combats se déroulent régulièrement.
Pourtant, la vie continue à Rmeich, dans une sorte de bulle isolée de la réalité de la guerre. Les habitants se connaissent tous, se soutiennent les uns les autres et espèrent que la paix reviendra un jour dans la région. En attendant, ils continuent de cultiver leurs terres, de prier dans leurs églises millénaires et de vivre dans l’espoir que la guerre ne les rattrapera pas.
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