[ad_1]
Analyse – Avec l’arrivée des beaux jours, les vieux trains transportent les touristes sur de petites lignes pittoresques ou au milieu du trafic des TER et des TGV. Un travail de préservation effectué par une centaine d’associations de passionnés du rail.
Leurs sifflements résonnent à nouveau à travers les paysages champêtres, les vallées reculées ou les sommets montagneux. Locomotives à vapeur, voitures Pullman, autorails Picasso, Micheline… Chaque printemps, ces vestiges de l’âge d’or du chemin de fer sortent des entrepôts après des mois d’hibernation, choyés par des passionnés du rail. Du Chemin de fer de la Baie de Somme sur la côte picarde au Vapeur du Trieux en Bretagne, en passant par le Train des Pignes en Haute-Provence… En France, près d’une centaine d’associations redonnent vie à du matériel parfois centenaire pour offrir des trajets touristiques à bord de trains d’époque pour quelques euros seulement.
Ces associations sont principalement regroupées au sein de l’Unecto, l’Union française des exploitants de chemins de fer touristiques, de vélorails et de musées ferroviaires. Elles se divisent en deux catégories : celles qui possèdent leur propre réseau et celles qui empruntent le réseau ferré national, selon Henri Barbier, responsable des Trains touristiques et historiques chez Once Upon a Train (Ouat). Ces associations fonctionnent essentiellement grâce à des bénévoles qui assurent l’entretien du matériel, la conduite des trains, la billetterie et les animations à bord.
Des trains sauvés de la destruction dans les années 1970
C’est dans les années 1970 que ces associations de passionnés du rail ont émergé partout en France. Auparavant, pour des raisons réglementaires, les trains de voyageurs privés n’étaient pas autorisés à circuler sur le réseau ferré national. L’assouplissement des règles a permis à des collectifs d’acquérir auprès de la SNCF des locomotives et voitures désaffectées destinées à la destruction pour les faire circuler à des fins touristiques. Et parfois pour une somme symbolique. «Notre association a acquis sa première locomotive en 1974 pour 1000 francs symboliques» se rappelle Henri Barbier, également président du Train à vapeur d’Auvergne. De telles transactions sont désormais difficiles à réaliser en raison de la réglementation en vigueur et des contraintes liées à l’amiante.
«En plus de préserver ces trains, les associations ont pour objectif de transmettre des savoir-faire», souligne Henri Barbier. «L’entretien et la restauration font appel à des métiers rares, comme celui de tourneur-fraiseur, capable de fabriquer des pièces sur mesure exclusivement dédiées au matériel ferroviaire», ajoute Line Brunner, directrice d’exploitation du Chemin de fer de la Baie de Somme, principal train touristique en France avec près de 215 000 passagers transportés en 2023.
Les associations comptent aussi sur le savoir-faire des anciens pour la conduite des trains. «En Île-de-France, les dernières locomotives à vapeur ont circulé jusqu’en 1969 sur la ligne de la Bastille. Ce sont leurs anciens conducteurs qui ont formé nos bénévoles. L’une des missions de notre association est de transmettre ces compétences de génération en génération» souligne Pascal Berger, administrateur de l’Ajecta, association qui gère également le Musée vivant du chemin de fer à Longueville (Seine-et-Marne).
Une seconde vie pour les anciennes lignes abandonnées
Une fois les trains acquis, il reste à trouver les voies sur lesquelles les faire circuler. Il s’agit souvent de portions de lignes déclassées acquises par le département ou les associations elles-mêmes. Les Chemins de fer de la Baie de Somme circulent sur l’ancien réseau des Bains de mer, propriété du département de la Somme, le Train des Pignes sur la ligne Nice – Digne-des-Bains gérée par la région PACA, et le Chemin de fer de Vendée sur une ancienne section du réseau national entre Mortagne sur Sèvre et les Herbiers.
«Pour les associations qui possèdent ou louent leur propre réseau, l’autorisation de circulation est donnée par la préfecture, via le Service technique des remontées mécaniques et des transports guidés», explique Henri Barbier. Mais la situation se complique lorsque les trains doivent circuler sur le réseau national aux côtés des trains de voyageurs et de marchandises. «Dans ce cas, les associations doivent réserver un créneau de circulation au moins trois mois à l’avance. C’est alors à SNCF Réseau de programmer ce train parmi les autres circulations en vérifiant les caractéristiques des voies, telles que la masse ou la puissance de traction», précise Pascal Berger.
«Nos trains circulent sous le certificat de sécurité de la SNCF. Une présence de cadre traction de la SNCF est obligatoire à bord de nos locomotives aux côtés du chauffeur et du mécanicien», ajoute-t-il. Toutes ces règles doivent être respectées pour permettre à un maximum de curieux d’admirer ces collections. Ainsi, les 22 mai et 25 juin, les voyageurs de la gare du Nord à Paris auront l’occasion d’apercevoir des trains anciens de l’association Matériel Ferroviaire Patrimoine National. Stationnés aux côtés des TER et des TGV, ils partiront vers Le Tréport et Boulogne-sur-Mer avec à leur bord des passionnés installés sur des banquettes en cuir. Une fusion entre le passé et le présent.
Dans cette vidéo, découvrez pourquoi l’Ardèche est le seul département français à ne pas être desservi par les trains.
[ad_2]