Libye : Benghazi, la renaissance d’une ville martyr
Au fil des ans, la Libye a connu une série de déchirures qui ont eu des conséquences dévastatrices sur son tissu social et économique. Mais dans cette mosaïque de chaos, une ville en particulier a réussi à sortir la tête de l’eau : Benghazi, la deuxième ville du pays et berceau de la révolution de 2011. Après avoir traversé les affres de la guerre civile de 2014 à 2017, Benghazi connaît actuellement une période de relative stabilité, suffisante pour permettre à ses habitants de revenir à une vie plus normale et à la ville de lancer de nouveaux chantiers de reconstruction.
Lorsque l’on se pose en avion en direction de Benghazi, la vue aérienne dévoile une ville en mutation. Les chantiers en cours de construction et les bâtiments neufs qui ont poussé comme des champignons dans le décor urbain sont autant de signes de renouveau. Cette résurgence de l’activité donne de l’espoir aux habitants, qui commencent à croire en l’avenir de leur ville. C’est le cas de Khadija, une sexagénaire qui rêve de pouvoir se rendre à Beida, sa ville natale située à 200 kilomètres plus à l’est, sans avoir à dépendre d’un membre de sa famille pour le transport. Actuellement, les transports en commun sont inexistants en Libye, un vide que les habitants espèrent voir comblé à l’avenir.
La route qui mène de l’aéroport au centre-ville de Benghazi est un hymne aux contrasts. D’un côté, des bâtiments flambant neufs et des maisons en construction côtoient de vieilles habitations dont les murs portent encore les cicatrices de la guerre. De l’autre, des garages poussiéreux et des immeubles abandonnés témoignent du passé tumultueux de la ville. Mais il est frappant de constater que les stigmates de la guerre, qui avaient rendu chaque centimètre carré d’asphalte âprement disputé entre les forces de Khalifa Haftar et les factions islamistes, ont presque disparu.
Le centre-ville historique de Benghazi, qui surplombe la mer Méditerranée, est l’un des rares quartiers où les traces de la guerre sont encore visibles. Les palissades de chantier dressées autour des immeubles endommagés par les tirs font office de rappel douloureux de ce passé. Officiellement, personne n’habite plus dans ce quartier, pourtant, il arrive de voir des vêtements qui sèchent aux fenêtres, signe que malgré tout, la vie persiste.
Les plans pour le futur de ce quartier sont ambitieux. Les autorités municipales rêvent de le démolir entièrement pour y construire une « nouvelle Dubaï », un projet qui suscite à la fois l’enthousiasme et la controverse parmi les Benghaziotes. Alors que certains y voient un moyen de redonner un nouveau souffle à leur ville, d’autres craignent que ce projet ne se fasse au détriment de l’identité historique et culturelle de Benghazi.
Malgré ces défis, l’avenir de Benghazi semble plus radieux qu’il y a quelques années. La ville a entamé un cheminement vers la reconstruction et la réhabilitation, un processus lent mais nécessaire pour panser les blessures du passé. Les habitants de Benghazi, qui ont traversé les épreuves les plus difficiles, commencent à voir la lumière au bout du tunnel. Ils espèrent que leur ville, qui a été à l’avant-garde de la révolution libyenne, pourra une fois de plus devenir un symbole d’espoir et de renouveau pour tout le pays.
La route vers la stabilité et la prospérité sera longue et semée d’embûches, mais pour l’instant, Benghazi peut se réjouir d’avoir retrouvé une forme de normalité. Les rêves de Khadija et de milliers d’autres habitants de voir leur ville renaître de ses cendres commencement à prendre forme. Et même si le chemin à parcourir est encore long, les Benghaziotes ont démontré une résilience et une détermination qui leur permettront de surmonter les obstacles et de rebâtir leur ville, mieux et plus forte que jamais.
La reconstruction de Benghazi constitue ainsi un espoir non seulement pour la ville elle-même, mais pour l’ensemble de la Libye. À travers les efforts de ses habitants et des autorités locales, Benghazi montre que même dans les moments les plus sombres, il est possible de trouver un chemin vers la lumière. Cette histoire de rebirth et de résilience pourrait bien servir de modèle pour d’autres régions du paysstill à reconstruire, prouvant que même après les conflits les plus meurtriers, la paix et la prospérité sont à portée de main, à condition de croire en l’avenir et de travailler ensemble pour le construire.