LES NÉGOCIATIONS SECRÈTES ENTRE WASHINGTON ET MOSCOU : L’EUROPE FACE À UN SURSAUT STRATÉGIQUE
Alors que les négociations sur un cessez-le-feu en Ukraine semblent prendre une tournure inattendue, l’Europe se trouve confrontée à un défi stratégique majeur. Les événements récents laissent penser que les grandes puissances mondiales, en l’occurrence les États-Unis et la Russie, sont en train de dicter leur loi à l’Ukraine, laissant l’Europe dans une position de spectatrice impuissante.
Les dernières semaines ont été marquées par une série de rebondissements dignes d’un roman d’espionnage. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a été reçu avec fraîcheur au Bureau ovale par son homologue américain, Donald Trump, il y a quinze jours. Ce refroidissement a été suivi de nouvelles espérances avec la proposition d’un cessez-le-feu présentée le 11 mars à Djedda. Mais tout cela semble avoir été balayé d’un revers de main par les manœuvres conjuguées de Trump et de son homologue russe, Vladimir Poutine, qui doivent s’entretenir à nouveau mardi au téléphone.
L’impression générale est que les efforts déployés par les Européens pour influencer la politique étrangère américaine, ainsi que les espoirs des Ukrainiens qui tablaient sur un durcissement du ton américain vis-à-vis de la Russie, ont été purement et simplement annihilés. Les négociations sur un cessez-le-feu en Ukraine ressemblent à un jeu de poker où les enjeux sont considérables, et les joueurs semblent avoir déjà distribué les cartes.
La question qui se pose est de savoir si le sort de l’Ukraine, ainsi que les termes d’un éventuel accord de paix, n’ont pas déjà été décidés en amont par Trump et Poutine. Les rumeurs font état d’un accord de cessez-le-feu fondé sur le gel des lignes de front, la levée des sanctions et un "deal" sur les minerais. Si tel est le cas, cela signifierait que les Européens ont été purement et simplement écartés de la table des négociations.
L’Europe se trouve ainsi confrontée à un sursaut stratégique. Elle doit réagir rapidement pour ne pas se retrouver marginalisée dans ce contexte géopolitique en pleine mutation. La Commission européenne et les États membres doivent se ressaisir et imaginer une stratégie qui permette à l’Union européenne de retrouver sa place dans les négociations. Cela passe par une coordination étroite avec les autres acteurs de la scène internationale, notamment les États-Unis, la Russie et l’Ukraine.
La situation est d’autant plus préoccupante que l’Ukraine est un pays clé pour la stabilité de l’Europe. La crise ukrainienne a déjà entraîné des conséquences dramatiques, notamment en termes de vies humaines, de flux de réfugiés et de dégâts économiques. Il est donc essentiel que l’Europe swoit prendre les devants pour éviter que la situation ne se détériore encore davantage.
Les conclusions du sommet de l’OTAN qui s’est tenu récemment à Bruxelles offrent quelques indices sur la stratégie que les Européens pourraient adopter. Les dirigeants de l’Alliance ont appelé à une approche plus globale et plus cohérente pour faire face aux défis de sécurité qui se posent. Cela implique de renforcer la coopération entre les États membres, de développer les capacités de défense et de reconstruire les liens avec les partenaires stratégiques.
En outre, l’Europe doit mettre en avant ses atouts économiques et politiques pour peser dans les négociations. L’Union européenne est le premier partenaire commercial de l’Ukraine et elle a tout intérêt à ce que ce pays reste stable et prospère. Elle doit également rappeler que la résolution de la crise ukrainienne suppose une approche multilatérale, impliquant tous les acteurs concernés, y compris la Russie et les États-Unis.
En résumé, les négociations secrètes entre Washington et Moscou sur le dossier ukrainien laissent l’Europe face à un sursaut stratégique majeur. Les Européens doivent réagir rapidement pour ne pas se retrouver écartés de la table des négociations. Ils doivent imaginer une stratégie qui leur permettra de retrouver leur place dans les négociations, en renforçant la coopération entre les États membres, en développant les capacités de défense et en mettant en avant leurs atouts économiques et politiques. Le destin de l’Ukraine, mais aussi la stabilité de l’Europe, en dépendent.
D’autre part, le rôle de l’ONU et d’autres organisations internationales pourraient être primordial dans la résolution de ce conflit, car ils pourraient apporter une légitimité et une crédibilité qui font actuellement défaut aux négociations. Une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies appuyant l’accord de cessez-le-feu et les termes d’un éventuel accord de paix pourrait constituer un premier pas vers une issue positive.
Enfin, il est important que les Européens gardent à l’esprit que le conflit ukrainien n’est pas un problème isolé, mais qu’il fait partie d’un contexte géopolitique plus large. Les développements en cours dans la région, notamment les tensions entre la Russie et l’OTAN, ainsi que les liens étroits entre la Russie et la Chine, doivent être pris en compte dans l’élaboration d’une stratégie globale.
Ainsi, pour résoudre ce conflit, les Européens devraient chercher à créer une coalition plus large, impliquant les acteurs régionaux et internationaux, et utilisant les différents leviers diplomatiques, économiques et politiques pour parvenir à une solution durable et équitable pour toutes les parties prenantes. Cela nécessite une coordination étroite entre les États membres, une approche plus globale et plus cohérente, ainsi que la capacité de susciter un consensus plus large au sein de la communauté internationale. Seule une telle approche pourrait permettre de mettre un terme aux souffrances du peuple ukrainien et de ramener la paix dans la région.