Le trafic de téléphones volés à Londres, une industrie florissante qui se déploie jusqu’en Algérie
Chaque jour, des dizaines de téléphones portables sont dérobés dans les rues de Londres, alimentant un marché noir lucratif qui s’étend bien au-delà des frontières britanniques. Selon une enquête approfondie menée par le journal britannique The Sunday Times, plus de 80 % des smartphones volés dans la capitale britannique sont exportés vers d’autres pays, l’Algérie étant la principale destination de ces appareils illégaux.
Cette activité criminelle, qui génère un chiffre d’affaires estimé à 50 millions de livres sterling par an, est alimentée par des gangs organisés qui opèrent avec une grande efficacité. Les vols sont souvent commis en plein jour, par des motards cagoulés ou de jeunes mineurs qui n’hésitent pas à recourir à la violence pour obtenir leur butin. Une fois les téléphones volés, ils sont rapidement revendus à des revendeurs qui les expédient vers l’étranger, souvent via des réseaux de contrebande complexes.
L’Algérie, principal débouché de ce marché noir international, attire ces téléphones volés en raison de la forte demande pour des produits Apple qui y sont difficiles à trouver sur le marché officiel. Les taux de change défavorables, les frais de douane élevés et l’absence de revendeurs Apple officiels dans le pays contribuent à créer un marché parallèle lucratif qui est toléré dans certaines zones grises de l’économie. Les experts estiment que ce circuit ne repose pas uniquement sur des « cabas » individuels, mais que des cargaisons plus importantes transiteraient aussi par conteneurs maritimes, dissimulées au sein d’autres marchandises avec des complicités multiples tout au long du parcours.
Selon la police britannique, 28 % des téléphones volés à Londres se reconnectent depuis l’Algérie, loin devant la Chine, Hong Kong, les États-Unis ou le Pakistan. Cette statistique est particulièrement frappante, car elle montre que les réseaux de contrebande ont réussi à créer un circuit efficace pour acheminer les téléphones volés vers l’Algérie, où ils sont revendus à des prix défiant ceux du marché officiel.
Les quartiers populaires d’Alger, tels que Belfort, Bab El Oued ou El Harrach, sont devenus des points de chute pour ces téléphones volés, qui réapparaissent sur les étals informels après avoir été reconditionnés. Les revendeurs locaux, qui connaissent bien les circuits de la débrouille, proposent ces téléphones à des prix attractifs, alimentant ainsi une demande qui est loin de faiblir.
L’enquête de The Sunday Times a également révélé que certains de ces réseaux sont gérés par des groupes organisés, parmi lesquels un gang algérien démantelé récemment. Ce dernier avait stocké des centaines de téléphones volés, emballés dans du papier aluminium, avant de les débloquer et les utiliser pour des fraudes bancaires. Le préjudice total aurait dépassé les cinq millions de livres sterling.
Le trafic de téléphones volés entre Londres et Alger est un exemple flagrant de l’ampleur que peut prendre une industrie criminelle lorsqu’elle est alimentée par la demande et la cupidité. Il est essentiel que les autorités compétentes prennent des mesures pour lutter contre ce type de criminalité, en renforçant les contrôles aux frontières et en traquant les réseaux de contrebande qui alimentent ce marché noir. Seule une coopération internationale peut permettre de mettre un terme à cette industrie florissante qui profite de la vulnérabilité des consommateurs et de la laxité des contrôles. Le trafic de téléphones volés est un problème mondial qui nécessite une réponse coordonnée pour protéger les citoyens et prévenir les activités criminelles.