Le déclin de la lutte contre les fake news : les internautes appelés à sauver la mise
La lutte contre les fake news, un enjeu crucial de notre époque, est en train de subir un tournant majeur. Désormais, ce sont les internautes qui seront appelés à modérer les contenus sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram, là où les journalistes professionnels intervenaient auparavant pour vérifier les faits. Cette décision, annoncée par Joel Kaplan, directeur des affaires publiques du groupe Meta, a suscité de nombreuses interrogations et inquiétudes.
La fin du programme de fact-checking aux États-Unis, officialisée ce lundi, marque la fin d’une époque où les médias et les professionnels de la vérification des faits travaillaient ensemble pour lutter contre la propagation des informations erronées. Les contrats entre Meta et ses prestataires, dont l’AFP, ont été rompus, laissant les internautes seuls face à la tâche de modérer les contenus.
Cette décision avait été annoncée en janvier par Mark Zuckerberg, dans une vidéo qui a été perçue comme un acte d’allégeance envers Donald Trump. Le camp républicain avait en effet critiqué le programme de fact-checking, le qualifiant de "censure" et de "biais" de la part des médias. Mais est-ce que laisser les internautes modérer les contenus est vraiment la solution pour lutter contre les fake news ?
Les notes de la communauté : une solution miracle ?
Selon Joel Kaplan, les notes de la communauté vont arriver progressivement sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram. Les internautes éligibles pourront vérifier, préciser et recontextualiser bénévolement les affirmations de certaines publications. Mais quels sont les critères pour devenir un modérateur de contenus ? Et comment garantir que les internautes auront les compétences et les connaissances nécessaires pour effectuer un travail de vérification des faits de qualité ?
En outre, Meta a précisé qu’il n’y aura aucune pénalité contre les posts fautifs, ce qui pourrait encourager la propagation des informations erronées. Les internautes pourront-ils vraiment faire la différence entre les informations vraies et les fake news ? Et que se passera-t-il si les modérateurs de contenus sont eux-mêmes victimes de désinformation ?
Les conséquences en Europe
Les changements annoncés par Meta ne concernent pour l’instant que les États-Unis, mais les conséquences de cette décision pourraient être ressenties en Europe. En effet, la rupture de contrat entre Meta et le bureau de Barcelone de Telus Digital a entraîné le licenciement de 2 000 modérateurs de contenus en langue française, espagnole ou portugaise. Meta a affirmé que ces postes seront redistribués sur d’autres sites de Telus, mais les inquiétudes demeurent.
La lutte contre les fake news est un enjeu majeur pour la démocratie et la liberté d’expression. Il est essentiel que les réseaux sociaux prennent leurs responsabilités pour garantir que les informations partagées sur leurs plateformes sont véridiques et fiables. Mais est-ce que laisser les internautes modérer les contenus est vraiment la solution ? Seul l’avenir nous dira si cette décision est une opportunité pour une plus grande implication des internautes dans la lutte contre les fake news, ou si elle va encourager la propagation des informations erronées.
Quel avenir pour la vérification des faits ?
La décision de Meta de mettre fin à son programme de fact-checking aux États-Unis soulève de nombreuses questions sur l’avenir de la vérification des faits. Les médias et les professionnels de la vérification des faits ont-ils un rôle à jouer dans la lutte contre les fake news ? Les internautes sont-ils suffisamment équipés pour prendre le relais ? Et quels sont les risques d’une modération des contenus assurée par les internautes ?
Il est essentiel que les acteurs de la société civile, les médias et les réseaux sociaux travaillent ensemble pour garantir que les informations partagées sur les réseaux sociaux soient véridiques et fiables. La lutte contre les fake news est un enjeu majeur pour la démocratie et la liberté d’expression, et il est essentiel que nous trouvions des solutions pour prévenir la propagation des informations erronées. Mais pour cela, il faudra peut-être repenser entièrement notre approche de la modération des contenus sur les réseaux sociaux.