ENQUÊTE EXCLUSIVE : La grande danse des opérateurs télécoms français
Depuis maintenant plus d’une décennie, le marché des télécommunications en France est en proie à une vague de consolidation sans précédent. Les quatre grands opérateurs, à savoir Orange, SFR, Bouygues et Free, rêvent de retrouver un paysage à trois acteurs majeurs, comme c’était le cas avant l’irruption de Free sur le marché du mobile en 2012. Cette année, les rumeurs de cession de l’un de ces acteurs ont repris avec vigueur, après que Patrick Drahi, le patron de l’opérateur Altice, a réussi à restructurer sa dette.
Cette histoire de consolidation est loin d’être nouvelle. Il y a neuf ans, en 2016, un accord entre Bouygues, Orange, SFR et Free avait failli aboutir. L’opération, baptisée "Jardiland", prévoyait le rachat de Bouygues Telecom par Orange, moyennant l’entrée de Martin Bouygues au capital de l’ex-France Télécom. Les deux parties avaient même trouvé un accord pour revendre certains morceaux de Bouygues Telecom à SFR et Free, afin de répondre aux exigences de concurrence. Cependant, l’État français, premier actionnaire d’Orange, avait posé des conditions tellement draconiennes que l’opération avait capoté au dernier moment.
Aujourd’hui, les choses ont changé. Patrick Drahi, qui a réussi à restructurer la dette de son groupe Altice, est prêt à passer à l’étape suivante : la cession de son opérateur. Les trois autres opérateurs français, à savoir Bouygues, Orange et Iliad (la maison mère de Free), sont à l’affût, tout comme certains acteurs du Moyen-Orient. Mais le processus s’annonce semé d’embûches.
Selon des sources proches du dossier, la cession de l’opérateur Altice pourrait être l’une des plus belles arlésiennes du capitalisme français. "Pour la première fois depuis quinze ans dans les télécoms françaises, nous avons un vendeur", indique l’un des acteurs du marché. Cela signifie que les choses pourraient cette fois-ci aboutir, même si les négociations s’annoncent difficiles.
Les enjeux sont considérables. La cession de l’opérateur Altice pourrait permettre à l’un des trois autres opérateurs de renforcer sa position sur le marché français, voire de devenir le leader. Orange, le premier opérateur français, est naturellement en première ligne pour cette acquisition. L’entreprise, dirigée par Christel Heydemann, a déjà montré son intérêt pour le rachat de Bouygues Telecom en 2016. Cette fois-ci, elle pourrait être plus motivée que jamais pour réussir l’opération.
Mais Orange n’est pas la seule à être intéressée. Bouygues, qui avait failli être racheté par Orange en 2016, pourrait cette fois-ci être l’acquéreur. L’entreprise, dirigée par Martin Bouygues, a toujours considéré que la consolidation du marché était inévitable. "Nous sommes prêts à jouer notre rôle dans cette consolidation", a indiqué récemment Martin Bouygues.
Iliad, la maison mère de Free, est également à l’affût. L’entreprise, dirigée par Xavier Niel, a toujours été considérée comme un outsider sur le marché des télécommunications. Mais depuis l’irruption de Free sur le marché du mobile en 2012, Iliad a réussi à devenir l’un des acteurs majeurs du marché. Cette fois-ci, l’entreprise pourrait tenter de racheter l’opérateur Altice pour renforcer sa position.
Enfin, des acteurs du Moyen-Orient sont également intéressés par la cession de l’opérateur Altice. Les Émirats arabes unis, par exemple, ont déjà montré leur intérêt pour le marché des télécommunications français. En 2020, l’État émirati avait même failli racheter l’opérateur SFR.
Les négociations s’annoncent donc difficiles et complexes. Les enjeux sont considérables, et les acteurs sont nombreux. Mais cette fois-ci, les choses pourraient aboutir. La cession de l’opérateur Altice pourrait être l’élément déclencheur d’une vague de consolidation sans précédent sur le marché des télécommunications français. Reste à savoir qui sera le dernier en lice.