Nous y étions – Le directeur du Festival d’Avignon, Tiago Rodrigues, avec le soutien de la mairie, a organisé une nuit très politique dans la ville.
Alors que les derniers spectacles se terminaient et que le public se dispersait dans les rues, un attroupement s’est formé devant le Palais des Papes. « Siamo tutti antifascisti », scandait la foule, composée de personnalités telles que Jeanne Balibar, Alexis Michalik et Andréa Bescond, ainsi que de comédiens, danseurs et syndicalistes.
De 1h30 à 6 heures du matin, sur invitation de Tiago Rodrigues, directeur du festival, tous se sont réunis pour une « nuit d’union démocratique, de force, d’espoir et donc de résistance à l’extrême droite », ponctuée de discours engagés.
Environ deux cents danseurs professionnels et amateurs du festival ont donné le coup d’envoi en suivant les pas du chorégraphe Boris Charmatz. Poings serrés, mains entrelacées et hurlements muets ont retenti dans une reprise de l’œuvre d’Isadora Duncan.
« On essaie de nous faire croire que c’est fini, mais il nous reste deux jours pour convaincre », a lancé avec véhémence André Bescond, applaudie par l’assistance. Joey Starr est monté sur scène pour livrer un poème de Léon-Gontran Dama extrait de Black Label en 1956, se battant contre le mistral pendant plusieurs minutes.
La maire d’Avignon, Cécile Helle, a raconté que cette nuit politique avait été imaginée avec Tiago Rodriguez « autour d’un café après l’annonce de la dissolution de l’assemblée nationale ». Dans un monologue résolument politique, elle a appelé à voter contre l’extrême droite en soutenant les candidats du Nouveau Front Populaire.
La présidente du conseil d’administration du festival, Françoise Nyssen, a également encouragé à voter en rappelant que les femmes ont acquis le droit de vote il y a moins de 80 ans. Elle a exhorté l’assistance à exercer son droit civique.
Différentes personnalités et représentants syndicaux ont pris la parole au cours de la nuit. La CGT Spectacle, le Syndeac, l’association du festival et les coprésidents du Off ont exprimé leur position contre l’extrême droite, défendant une programmation culturelle indépendante.
Face à la montée des extrêmes, la CGT Spectacle a mis en garde contre toute prise en main de la culture par le parti au pouvoir. La nuit s’est poursuivie dans la cour d’honneur du Palais des Papes, malgré le départ de certains participants.
Les interventions se sont multipliées, passant de discours militants à des performances musicales et dansées. Quelle était à l’origine une nuit de célébration culturelle s’est transformée en un rassemblement politiquement engagé.
Les artistes du groupe HK et les Saltimbanks ont offert une pause musicale engagée, avant que le public ne reprenne le flambeau avec des chants et des cris contre l’extrême droite. La résistance s’est exprimée au fil des prises de parole, avec des appels à la mobilisation et à la vigilance face aux idées fascistes.
Alors que l’aube se levait sur Avignon, le Palais des Papes se vidait lentement, mais la lutte contre l’extrême droite se poursuivait. Le 7 juillet, c’est dans les urnes que se jouerait la prochaine bataille pour la démocratie.