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ANALYSE – Alors que l’envie de prendre des vacances n’a jamais été aussi forte, de nombreux Français redoublent de prudence à l’approche de leurs congés.
Parmi une foule de visages démasqués, le sien se démarque. Trois ans après la fin du dernier confinement, Nathalie, 50 ans, continue de porter un masque dans les rues et les transports en commun de Paris. Pour elle, la résurgence du Covid, avec une augmentation de la demande de tests en pharmacie, confirme son intuition complexe : celle de se protéger avant de partir en vacances cet été. « Avec mon mari, nous avons prévu deux semaines sur la Côte d’Azur fin juillet-début août. J’ai envie de pouvoir en profiter », nous confie-t-elle. Le mauvais souvenir d’un Covid pendant les vacances de Noël l’année dernière semble l’avoir marquée. « Je suis restée deux semaines au lit sans pouvoir me lever ni respirer correctement. J’avais perdu le goût et l’odorat », se souvient-elle, encore bouleversée.
Alors que le départ approche, elle a pris une décision peu commune : remettre le masque. « La boîte était rangée depuis plusieurs mois dans le tiroir de la salle de bains. Je l’ai donc ressortie », poursuit-elle. Principe de précaution ou début d’hypocondrie ? En ce début des vacances d’été, chaque personne prend ses précautions pour éviter qu’un petit rhume ou une mauvaise angine ne vienne gâcher la fête. Surtout cette année, où les vacances d’été semblent revêtir une saveur particulière, avec un contexte géopolitique lourd et un climat politique instable, notamment marqué par les élections législatives. « Plus l’environnement est anxiogène, plus les voyages se réfléchissent différemment et se préparent selon des scénarios divers », nous apprend récemment Jean-Didier Urbain, anthropologue, sociologue spécialisé dans le tourisme, et auteur de Planète interdite (Éditions de l’Aube, 2023). Ici, « on constate une urgence existentielle à réussir ses vacances. »
Des traitements préventifs pour « éviter de tomber malade »
Un besoin qui pousse certains vacanciers à prendre toutes les précautions, comme Benjamin, 33 ans. Le jeune homme se souvient du mauvais séjour en Norvège, gâché par une grosse angine, en janvier dernier. « Je suis tombé malade en allant à la messe de Noël. Je suis parti quelques jours après avec une otite et la gorge en feu à Oslo, où il faisait -30°C [une vague de froid avait touché le nord de l’Europe, ndlr]. C’était assez difficile parce que j’ai passé six jours pas bien, en allant régulièrement à la pharmacie », raconte-t-il. Depuis, il admet avoir recours à « des traitements préventifs pour éviter de tomber malade ». Son remède miracle : le L52, un médicament homéopathique traditionnellement utilisé dans le traitement de syndromes grippaux.
« Cela fonctionne bien ! », affirme le jeune homme, qui prend également de la propolis, renforçant le système immunitaire et soulageant les petites infections saisonnières. Il espère que ce traitement fera effet lorsqu’il partira en vacances en Bretagne dans quelques semaines. Pour d’autres vacanciers, malgré toute la prudence du monde, la sentence semble inévitable. C’est ce dont se souvient Isabelle, 52 ans, consultante. « Avant, dès mon premier jour de vacances, je tombais systématiquement malade », se rappelle-t-elle. « J’avais des boutons de fièvre et je pouvais me bloquer le dos. Parfois, cela durait toute la durée des vacances. » Derrière le cas d’Isabelle se cache un mal encore méconnu mais pourtant courant chez les salariés stressés : la maladie des loisirs.
Un corps qui faiblit
États grippaux, fatigue extrême, migraines, douleurs musculaires, nausées… Les maux semblent innombrables. Mais pourquoi tombons-nous malades, surtout avant de partir en vacances ? La charge de travail, accrue avant les congés, en est souvent la cause. Entre les derniers projets à finaliser et les dossiers à transmettre, notre stress et notre adrénaline atteignent des sommets, nous rendant plus résistants aux agressions extérieures et aux infections. Mais quand les vacances commencent, tout s’effondre, y compris notre système immunitaire. « Le corps craque après avoir tenu toute l’année », résume Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne interrogée par Welcome to the Jungle, site spécialisé dans la recherche d’emploi. « Nous sommes simplement fragilisés pendant les premiers jours de relâchement. L’adrénaline ne fait plus effet et notre corps réagit. » Bien loin d’être une pathologie psychologique, cette étrange maladie témoigne souvent d’un surmenage et guérit en se questionnant sur notre rapport au travail.
« Cela a duré 15 ans. Il me fallait au moins deux semaines de vacances : la première, j’étais malade, puis la seconde, je pouvais en profiter », raconte Isabelle. Le début de la guérison ? « J’ai mis de la distance avec le travail et depuis, ça va mieux. » Le travail à lui seul ne peut pas expliquer tout ce stress accumulé. Du côté de Nolwenn, 32 ans, son hypocondrie la guide dans sa préparation des vacances. « J’ai toujours peur de tomber malade. Alors, quand je fais ma valise, je prends les médicaments nécessaires : Nurofen, Spasfon, antidouleurs, anti-inflammatoires… Je n’oublie pas ma carte européenne d’assurance maladie. » Tous ces petits rituels apaisent l’anxiété de la jeune femme, qui adoptera malgré tout des stratégies d’évitement tout au long du trajet vers sa destination de vacances. « Dans l’avion, je choisis toujours le siège côté couloir et j’évite à tout prix la climatisation. » Une liturgie qu’elle répétera religieusement avant de partir en Andorre dans 15 jours.
À ECOUTER – Pourquoi certains tombent systématiquement malades en vacances ?
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