ANALYSE – Après deux années exceptionnelles, le tourisme en Bretagne est confronté à des obstacles dus à la météo peu clémente et au contexte politique.
Malgré quelques éclaircies prévues ce week-end, les nuages devraient persister en Bretagne. Une fois de plus. Ces conditions météorologiques défavorables sont loin d’être idéales pour les professionnels locaux. Le mauvais temps des derniers jours, avec des températures entre 13 et 20°C en moyenne, laisse présager une saison estivale mitigée pour les hôtels et les restaurants. « La saison n’a pas encore vraiment démarré. Elle ne sera pas exceptionnelle », admet Dominique Spenlehauer, président de l’UMIH Côtes-d’Armor et de l’UMIH Bretagne. « L’été tarde à arriver, ce qui impacte la fréquentation. »
Finis les bains de soleil et les repas en terrasse ? Ce printemps n’a pas été clément. « Dans le Finistère, par exemple, le mois de juin a été décevant. Bien sûr, l’hôtellerie s’en sort plutôt bien, mais les restaurants et bars enregistrent une baisse de fréquentation de 40% par rapport à l’année précédente. À Rennes, les restaurants avec terrasses ont beaucoup souffert du mauvais temps », ajoute le représentant. « Pour le Morbihan, la fréquentation touristique des hôtels a baissé de 15 à 20% en mai et juin. » En plus de la météo maussade, le tourisme breton a été impacté par les élections législatives, qui ont créé un climat d’incertitude chez certains voyageurs. « En juin, les réservations se sont arrêtées avec l’annonce des élections. Les touristes ont du mal à planifier leurs vacances », analyse Jessica Viscart, de Tourisme Bretagne.
Un constat similaire du côté de Gîtes de France : « après la dissolution de l’Assemblée nationale [annoncée le 9 juin, NDLR], nous avons enregistré une baisse significative de la fréquentation de nos sites internet », constate Cyrille Binggeli, directeur des réservations pour le réseau des Côtes-d’Armor, d’Ille-et-Vilaine et du Morbihan. « Le taux d’occupation a chuté de 8% entre fin juin et fin août, hors Finistère, par rapport à l’année précédente. » Malgré l’envie d’évasion, comme le montre le dernier baromètre d’Europ Assistance, où près de sept Français sur dix prévoient de partir en vacances cet été malgré un contexte économique et international tendu.
Un été morose pour la Bretagne ? « Il est difficile de prédire comment vont se dérouler les prochaines semaines », admet Dominique Spenlehauer. « C’est un été classique avec une fréquentation en baisse. Après la Covid, il y a eu un engouement pour la Bretagne. Les étés ont été très chauds et la région en a profité. Cette année, nous retrouvons une saison plus normale. » Pas de quoi être déçu. « Nous avons enregistré une baisse de 5% de la fréquentation en pré-saison par rapport à 2024, mais nous sommes en avance de 2% par rapport à 2022 », relativise Jessica Viscart, de Tourisme Bretagne.
Alors que le secteur des locations meublées et du camping accuse un retard sérieux en juillet (avec une baisse de 9 à 10% des réservations), les mois d’août et septembre devraient connaître une amélioration (jusqu’à +15% en septembre pour les locations touristiques), selon une étude récente. Une lueur d’espoir qui ne devrait toutefois pas permettre à la Bretagne de battre son record de 2023. L’an dernier, la région a enregistré plus de 115 millions de nuitées touristiques en un an, surpassant de 5% les performances de 2022.
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