La véritable histoire des sorcières (6/6) – Sous le règne de Louis XIV, des affaires de « messes noires » et de sorcellerie continuent de défrayer la chronique. Madame de Montespan, la maîtresse du roi, est impliquée dans le scandale des poisons. Soudain, l’accusation de sorcellerie disparaît grâce à l’ordonnance royale de 1682. Une véritable « révolution culturelle » ou prudence du roi Soleil ?
Quand a réellement cessé la persécution de la sorcellerie ? On peut penser à la Révolution française par confusion avec le blasphème et le sacrilège. Cependant, les procès de sorcières ont en réalité disparu bien avant 1789. C’est sous le règne de Louis XIV, par une ordonnance royale de juillet 1682, que l’on a brusquement arrêté de brûler les sorcières et les sorciers (bien que quelques dérapages aient pu se produire au siècle des Lumières).
Le contexte particulier du Grand Siècle, fortement marqué par une succession d’affaires de sorcellerie et d’empoisonnements, a favorisé ce retournement rapide. Comme l’a souligné le grand historien Robert Mandrou dans son ouvrage « Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle » (1968), il y a eu une véritable « révolution culturelle ». Celle-ci est venue des villes, en particulier des élites juridiques, et non de la cour. Peu de temps avant l’ordonnance de 1682, des affaires retentissantes ont mis en lumière la persistance des croyances les plus archaïques.
Ainsi, l’affaire des poisons impliquant Madame de Montespan, la maîtresse du roi, a jeté une lumière crue sur les pratiques obscures qui perduraient encore à la cour. Les soupçons de « messes noires » et de sorcellerie ont alimenté les rumeurs et ont conduit à une méfiance généralisée envers les pratiques ésotériques. L’ordonnance royale de 1682 a alors été perçue comme un acte de prudence de la part du roi, cherchant à mettre un terme à cette chasse aux sorcières qui menaçait de déstabiliser son règne.
Cette décision a marqué un tournant dans l’histoire de la justice et de la culture en France. En cessant les poursuites contre les sorcières et en décrétant l’abolition des peines infligées pour sorcellerie, Louis XIV a ouvert la voie à une nouvelle ère de tolérance et de rationalisme. La raison l’a emporté sur les superstitions, et la peur de l’inconnu a laissé place à la recherche de vérité et de justice.
Ainsi, la fin de la persécution des sorcières sous le règne de Louis XIV a marqué un véritable tournant dans l’histoire de la justice en France. Bien que des épisodes sombres aient encore pu se produire par la suite, notamment pendant le siècle des Lumières, l’ordonnance royale de 1682 a marqué un premier pas vers l’abolition des superstitions et des croyances archaïques. Louis XIV a montré par cette décision son souci de préserver l’ordre et la stabilité de son royaume, tout en s’engageant résolument sur la voie de la modernité.