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Un trésor littéraire, menacé de dispersion lors d’une vente aux enchères à Caen
Par Esméralda François
Au cœur de l’actualité littéraire et culturelle se trouve un trésor menacé de dispersion lors d’une vente aux enchères à Caen. Il s’agit de la bibliothèque du poète et ancien président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, un symbole incontesté de la négritude. Quelque 400 lots de cette collection emblématique seront mis en jeu lors de la vente prévue ce mardi. L’émotion est à son comble parmi les amis et admirateurs de ce grand homme. Tous se mobilisent pour empêcher la dilapidation de cette précieuse bibliothèque.
L’État sénégalais, en pleine révolution politique, semble hésiter à intervenir. Face à l’arrivée de nouveaux dirigeants souhaitant marquer une rupture avec le passé, la question se pose : qu’adviendra-t-il de l’héritage de Léopold Sédar Senghor ? À l’âge de 97 ans, son neveu Henri Senghor et des proches collaborateurs tentent de trouver des solutions pour sauvegarder ce patrimoine culturel exceptionnel. Le Cercle Richelieu Senghor et Gérard Bosio, fidèle compagnon du président poète, œuvrent chacun à leur manière pour préserver la mémoire de ce grand homme.
À Paris, l’ambassadeur du Sénégal, Magatte Seye, a fait une proposition au nom de son pays pour reprendre en main cette vente aux enchères. Cependant, l’héritière de Léopold Sédar Senghor insiste pour mener à bien cette vente, principalement pour régler des droits de succession exorbitants. La seconde épouse du président, Colette Senghor, décédée en 2019, avait légué une grande partie de ses biens à sa dame de compagnie, contrainte de se séparer d’une toile de Soulages et de bijoux pour honorer ces droits. Des enchères précédentes ont été suspendues in extremis sur demande de l’ancien président Macky Sall, permettant à l’État sénégalais de racheter les biens pour préserver le patrimoine national.
La valeur des lots proposés lors de cette vente aux enchères, allant de 20 à 3000 euros chacun, pourrait-elle atteindre la somme colossale requise ? Léopold Sédar Senghor possédait plusieurs bibliothèques impressionnantes à Verson, Dakar et Paris, comprenant des ouvrages rares, dédicacés par leurs auteurs, sur des sujets variés tels que la négritude, la poésie française et les cultures africaines. Ancien élève du lycée Louis-le-Grand aux côtés de Georges Pompidou, Senghor était un latiniste émérite et un traducteur de poésie anglaise reconnu.
Une éventuelle intervention du nouveau président sénégalais, Diomaye Faye, revêtirait une importance politique et diplomatique. Elle témoignerait du respect et de la reconnaissance envers le père de la nation, tout en maintenant les liens avec la France, pays cher à Senghor. Membre de l’Académie française, un geste de la part de la France serait également bienvenu pour préserver cet héritage culturel d’exception. La Bibliothèque nationale de France pourrait être un acquéreur potentiel, tandis que Gérard Bosio envisage de créer un musée dédié à Senghor au sein du musée des civilisations noires, à Dakar.
À quelques heures de la vente, la mobilisation s’intensifie pour empêcher la dispersion des trésors de celui qui a marqué l’histoire de l’Afrique et du dialogue interculturel. Face à ce patrimoine menacé, l’avenir de la bibliothèque de Léopold Sédar Senghor reste incertain, mais l’espoir d’une préservation s’accroît à mesure que la mobilisation grandit.
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