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Rencontres sauvages (3/5) – Depuis environ quinze ans, les touristes se lancent à la rencontre d’un requin ayant une réputation sinistre sur les côtes sud de l’Afrique, dans l’océan Indien.
À Ponta do Ouro, au sud du Mozambique, l’aventure sous-marine commence de façon peu commune, les plongeurs étant attachés dans un gilet de sauvetage. Le zodiac doit d’abord franchir la « barre » et son tumulte d’écume à quelques centaines de mètres du rivage, une opération plus ou moins risquée en fonction de l’expertise du pilote. Les plongeurs, emballés comme des porcelaines dans un service de livraison, se lancent à l’assaut des brisants.
Le pilote sud-africain observe attentivement la houle entêtée, compte les vagues venant mourir sur les côtes du Natal et, forts de sa connaissance des rouleaux acquise dès son plus jeune âge, décide soudain d’accélérer. Le bateau se faufile entre deux crêtes, esquive une déferlante menaçante, effectue quelques slaloms et finit par triompher du ressac tumultueux. Quelques éclaboussures plus tard, c’est la grande plénitude de l’océan Indien, seulement troublée par le dos bossu des baleines qui souhaitent une bonne route d’un gracieux coup de caudale.
Au large se trouve une double barrière corallienne encadrant une vallée sous-marine connue des habitants sous le nom de « loggerhead valley », la vallée des caouannes. Mais l’attention n’est pas sur les tortues aujourd’hui. Le site du jour, appelé Pinnacle, offre d’autres sensations. On y observe quatre espèces de requins, chacune ayant ses habitudes et phobies spécifiques : le requin-marteau halicorne qui fuit au moindre flash, le pointe noire vif et curieux qui aime le contact et, pour les plus chanceux – moins de 5% des observations – le célèbre tigre, redoutable prince des mers doté d’un appétit insatiable. On a même retrouvé des tambours de machine à laver dans l’estomac de l’un d’entre eux !
Cependant, la star de Pinnacle, c’est bien le bouledogue, le méchant Jojo des mers, l’ogre des océans, le bad boy de la côte, la terreur des baigneurs et des surfeurs, déclaré ennemi public numéro un à La Réunion ! L’une des cinq espèces avec le tigre, le blanc, le longimane et le grand marteau à ne pas refuser un gigot humain de temps en temps. Malheureusement, les tragiques méprises sont courantes…
Les Anglo-Saxons l’appellent le bullshark, le requin-taureau. Les Sud-Africains préfèrent le nom de requin du Zambèze, plus élégant en référence à sa présence dans le grand fleuve. En effet, il est le seul requin capable de vivre en eau douce, une prouesse physiologique qui, bien qu’elle ne le rende pas plus sympathique, le rend un peu moins barbare aux yeux des observateurs.
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