REPORTAGE – En ce matin brumeux à Alger, le calme règne dans les rues de la capitale après les tumultes du mouvement Hirak qui n’a pas eu l’effet escompté sur le régime en place. Les affiches géantes installées sur la façade de la maison qui abrite le quartier général de campagne d’Abdelmadjid Tebboune, candidat à sa propre succession, offrent une vision paisible de l’avenir de l’Algérie. Sur un fond vert pétrole, un slogan fort résonne : « Pour une Algérie victorieuse ». Le président sortant, le regard tourné vers l’horizon, lève sa main droite en signe de confiance.
Chaque matin, Khaled, chef d’entreprise, passe devant ce QG de campagne en se rendant à son travail. Le visage impassible, il s’amuse des incertitudes qui planent sur l’avenir du pays. Dans sa voiture de luxe, conduite par un chauffeur, il règle les affaires de son entreprise agroalimentaire. Khaled incarne cette « classe moyenne plus plus » de la société algéroise, celle qui a les moyens de vivre confortablement avec une villa équipée d’une piscine, des vacances en famille en Espagne et des voyages d’affaires à l’étranger. Mais malgré ce train de vie, Khaled reste tiraillé par les tensions et les incertitudes qui planent sur l’Algérie.
Alors que le président sortant tente de rassurer la population et de promettre un avenir prospère pour le pays, les Algériens restent méfiants. Le Hirak, ce mouvement populaire né en 2019 pour réclamer des réformes politiques et économiques, n’a pas abouti à un changement radical comme beaucoup l’espéraient. Le régime en place est parvenu à contenir les velléités de changement et à maintenir le statu quo.
Dans ce contexte tendu, l’élection présidentielle à venir suscite peu d’enthousiasme. Les Algériens semblent résignés à voir Abdelmadjid Tebboune reconduit à la présidence sans réelle alternative. Le pessimisme règne sur le pays et la population se sent isolée sur le plan régional et international.
Pourtant, malgré les apparences, l’Algérie regorge de richesses et de potentialités. Les ressources naturelles du pays, notamment ses immenses réserves de pétrole et de gaz, pourraient garantir une prospérité à long terme si elles étaient gérées de manière transparente et efficiente. Mais la classe dirigeante, gangrénée par la corruption et les intérêts personnels, freine le développement du pays et maintient une grande partie de la population dans la précarité.
En ce matin brumeux à Alger, Khaled et les autres Algériens affluent dans les rues de la capitale, chacun avec ses craintes et ses espoirs pour l’avenir. La campagne électorale bat son plein, mais l’enthousiasme est en berne. L’Algérie attend un changement réel, une véritable transformation politique et sociale pour sortir de l’impasse dans laquelle elle est plongée depuis des années. Espérons que ce visage rassurant du président sortant ne soit pas qu’une illusion, mais le début d’une véritable renaissance pour ce pays riche d’histoire et de potentialités.