Une récente étude menée aux États-Unis révèle des divergences significatives dans l’évolution des adolescents, plus prononcées chez les jeunes filles que chez les jeunes garçons. Un constat qui soulève de nombreuses interrogations.
La pandémie de Covid-19 a profondément affecté la santé mentale des adolescents âgés de 11 à 17 ans, même chez ceux n’ayant pas contracté le virus. Bien que le taux de dépression semble se stabiliser depuis janvier 2022, le nombre de passages aux urgences pour idées suicidaires demeure plus élevé que les niveaux observés avant les confinements, selon Santé publique France. Après avoir constaté les conséquences psychologiques des confinements, les chercheurs s’efforcent désormais de comprendre l’impact sur le cerveau des adolescents. Une étude publiée récemment dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (Pnas) par une équipe de l’université de Washington avance que le cerveau des jeunes filles aurait subi un vieillissement accéléré lors du confinement par rapport à celui des garçons.
Cette étude a porté sur plus d’une centaine d’adolescents américains, ayant passé une IRM cérébrale avant et après le confinement. Les analyses ont révélé un amincissement du cerveau deux fois plus important chez les filles que chez les garçons. Chez les jeunes filles, cet amincissement touchait particulièrement les zones du cerveau impliquées dans la reconnaissance des visages, les interactions sociales et la communication, tandis que chez les garçons, seule la zone de reconnaissance des objets et visages montrait une diminution. L’absence ou la réduction de ces interactions durant le confinement aurait donc eu un impact plus significatif sur le cerveau des filles.
Cependant, selon Derek Hill, professeur en imagerie médicale et en santé numérique à l’université catholique de Louvain en Belgique, cette étude présente certaines limites à prendre en compte avant de généraliser ces résultats. Un des défis est le faible nombre d’individus inclus dans l’étude, ce qui réduit la fiabilité statistique des analyses. De plus, le cerveau des adolescents est en pleine transformation à l’adolescence, indépendamment des confinements. Il serait donc difficile de lier directement les variations observées en IRM uniquement aux confinements.
Les chercheurs américains avancent que le stress aurait eu un impact plus important sur les adolescentes pendant le confinement. Il est reconnu que le stress prolongé peut affecter la structure du cerveau en réduisant la production de nouveaux neurones, impactant ainsi la mémoire et la régulation des émotions. Cependant, les auteurs n’ont pas pu évaluer le niveau de stress ressenti par les participants pendant les confinements.
Selon le Dr Rebecca Sheriff de l’université d’Oxford, il serait intéressant de suivre l’évolution de ces cerveaux sur le long terme, afin de mieux comprendre leur maturation en lien avec d’autres facteurs de stress et de mode de vie. Ces données pourraient permettre de confirmer et généraliser les conclusions de l’étude.
Des études antérieures ont également observé des différences neurologiques similaires. Une étude menée par des chercheurs de l’université de Stanford et de l’université de San Francisco a révélé des signes d’amincissement cortical avancé chez des adolescents exposés au confinement, ainsi qu’une augmentation du volume de l’hippocampe et de l’amygdale, deux structures cérébrales impliquées dans les émotions. Ces caractéristiques neurologiques sont généralement observées chez des individus plus âgés.
Malgré ces avancées en recherche, il demeure complexe d’apporter des réponses adéquates aux problèmes de santé mentale des adolescents.