Il y a quatre ans, une offre d’une ampleur comparable à celle que l’américain GXO envisage pour le français Rexel a été reçue. À ce stade, Rexel, le distributeur spécialisé français, a rejeté fermement l’offre publique d’achat (OPA) hostile qui lui a été présentée. Cependant, l’éventualité de cette opération mérite d’être soulignée, car elle aurait valorisé la cible jusqu’à 8,57 milliards d’euros. Il n’y a pas eu d’offre de cette envergure à la Bourse de Paris depuis longtemps, il faut remonter à 2020 lorsque Veolia a annoncé son intention de racheter Suez dans le cadre d’une OPA valorisant le capital à 13 milliards d’euros, pour trouver équivalent.
Une autre caractéristique intéressante de « l’affaire Rexel » est son aspect international : alors que le rapprochement de Veolia et Suez était franco-français, c’est un acteur américain, GXO, qui s’est approché de Rexel. Cela rappelle, dans l’autre sens cette fois, le récent et coûteux projet de l’entreprise française Elis de racheter son concurrent américain Vestis, qui possède environ 2 milliards de dollars en capital.
En somme, les offres publiques d’achat d’un milliard d’euros ou de dollars semblent être de retour. Un bref historique récent à la Bourse de Paris cette année a révélé que l’étrange affaire Believe a finalement permis aux actionnaires historiques de consolider leur position au sein de l’entreprise, valorisant le capital de l’éditeur musical à 1,50 milliard d’euros.
Neoen, la seule « vraie » OPA de grande taille de l’année, a été annoncée au début du printemps. Le producteur d’énergie renouvelable fera l’objet d’une OPA amicale de 6,10 milliards d’euros de la part d’un fonds de private equity canadien, Brookfield. Le processus suit son cours et devrait se terminer au début de l’année prochaine.
Une autre « opération milliardaire » actuellement en cours concerne les actionnaires historiques d’Exclusive Networks, spécialiste de la cybersécurité. Ils envisagent de lancer une offre valorisant le groupe à 2,20 milliards d’euros, mais cette fois-ci, le titre quitterait la cote.
Espérons que 2024 soit l’année du retour des véritables OPA sur la place parisienne. C’est-à-dire des opérations lancées par des concurrents ou des investisseurs professionnels, et non par des actionnaires de contrôle déçus de la Bourse. La baisse des taux d’intérêt pourrait également jouer un rôle dans ce retour.
Pour les actionnaires minoritaires, les OPA sont souvent l’occasion de clôturer leurs investissements dans de bonnes conditions. Selon le cabinet EY, les OPA réalisées à la Bourse de Paris de 2021 à 2023 ont offert aux actionnaires des sociétés visées une prime médiane de plus de 30% par rapport au dernier cours coté.