« Le logement n’est pas secondaire-fermez le site madeuxièmemaison.fr! » C’est le titre de la pétition lancée par l’Union démocratique bretonne (UDB). Ce parti réclame la fermeture du site internet madeuxièmemaison.fr, une plateforme imaginée par la Caisse d’Épargne Bretagne-Pays de la Loire, pour accompagner les futurs acquéreurs de résidence secondaire. Sur ce site figurent des annonces immobilières, des conseils sur les solutions de financement. Il s’adresse aussi aux personnes déjà propriétaires d’une résidence secondaire pour les aider à trouver des artisans locaux ou bien pour louer leur bien. La pétition a pour le moment recueilli plus de 7000 signatures.
« Nous ne supportons pas de voir une banque, la Caisse d’Épargne Bretagne – Pays de Loire, faire la promotion de l’achat de résidences secondaires. Elle n’est certes pas la seule à le faire, mais le cynisme a été poussé jusqu’à la création d’un site internet dédié: «madeuxiememaison.fr». Un affront à toutes celles et ceux qui peinent à se loger », est-il stipulé dans la pétition. Il est également précisé: « Il ne se contente pas de répondre à une demande: il la suscite, l’encourage, la légitime », peut-on lire aussi. Pour l’UDB, les résidences secondaires qui se multiplient en Bretagne sont en partie responsable de la crise du logement. Elles entraînent une hausse des prix de l’immobilier empêchant les locaux de se loger.
Environ 12% de résidences secondaires
Les résidences secondaires représentent 12% de l’ensemble des logements en Bretagne (233.600 au total), selon l’Insee, une proportion qui grimpe à 16% dans le Morbihan et 14% dans les Côtes-d’Armor, contre 9% en moyenne en France métropolitaine. Cela place la Bretagne au 4e rang des régions françaises dans ce domaine, derrière la Corse, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Occitanie, a souligné Tristan Picard, chef du service études de l’Insee en Bretagne. En plus des 7000 signatures, la pétition ne compte pas moins de 167 commentaires: « Il faut un quota à ne pas dépasser de maisons secondaires par commune afin que la vie locale soit présente tout au long de l’année, et pour que ses habitants puissent continuer à y vivre », suggère un des internautes. « Une honte ce site comme s’il n’y avait déjà pas assez de maisons secondaires, il faut prioriser les Bretons et surtaxer les maisons secondaires ! » s’emporte un autre.
La Caisse d’Épargne Bretagne-Pays de la Loire va-t-elle fermer le site?
Contactée par Le Lesoir, la Caisse d’Épargne se montre « très surprise de cette analyse qui est une mauvaise analyse. Il n’y a pas un marché mais des marchés, celui de la résidence principale, de l’investissement locatif et de la résidence secondaire. Nous finançons 12.000 projets par an d’acquisition de résidences principales, le marché le plus important. Et seulement 200 projets de résidences secondaires. C’est un épiphénomène. On ne peut pas opposer les marchés, ils ont tous un rôle économique important », pour Christophe Pinault, président du directoire de la Caisse d’Épargne Bretagne-Pays de Loire. Avant de rétorquer: « ce n’est pas parce que demain j’arrête de financer les résidences secondaires, ce qui n’est absolument pas à l‘ordre du jour, qu’il n’y aura plus de résidences secondaires ». La Caisse d’Épargne Bretagne-Pays de Loire vient même de proposer un partenariat à l’UDB. « En Bretagne, on observe une surreprésentation des biens F et G (passoires thermiques). Nous souhaitons faire évoluer notre site pour proposer aux propriétaires de les accompagner dans la rénovation énergétique. On a proposé à l’UDB de co-construire avec nous cette évolution du site », conclut Christophe Pinault.