RENCONTRE – Le 2 octobre dernier, Anne Marty, directrice générale adjointe d’Altiservice, est officiellement devenue la nouvelle présidente de Domaines skiable de France. Ce choix inattendu pour la chambre professionnelle comptant 250 adhérents a été fait dans le cadre d’une transition paisible.
C’est lors d’un atelier de promotion des stations de montagne à Paris que nous avons pu rencontrer Anne Marty. Dynamique, humble et déterminée, elle représentait Altiservice, premier exploitant des Pyrénées (Saint-Lary, Font-Romeu Pyrénées 2000), dont elle est directrice générale adjointe. Ce 2 octobre, elle prend les rênes de Domaines skiable de France, une organisation regroupant 250 opérateurs de domaines skiables, succédant ainsi à Alexandre Maulin qui termine son deuxième mandat après six ans de service.
« Cela m’a touchée de succéder à Alexandre Maulin, que je considère comme un ami », confie l’Aveyronnaise émue. Originaire de Montsalès, Anne Marty est de formation notariale et a principalement travaillé dans les ressources humaines. Mère de deux filles, elle ne pratique plus le ski alpin en raison de problèmes de genoux, mais affectionne les balades en montagne en raquettes ou en ski de fond. Une passion pour l’automne en montagne qu’elle partage volontiers.
Le Lesoir : Pourquoi avez-vous souhaité succéder à Alexandre Maulin à la présidence de Domaines Skiable de France ?
Anne Marty : L’intérêt collectif est très fort dans nos métiers. J’ai toujours été passionnée par les ressources humaines. Jusqu’en 2019, je m’y consacrais pleinement. Pour moi, la richesse première réside dans les hommes et les femmes qui travaillent sur nos territoires. Je crois fermement qu’il faut mettre en avant tous les acteurs de la montagne. J’ai observé le combat mené par Alexandre Maulin pendant six ans et j’ai estimé qu’il était essentiel de reprendre le flambeau.
Vous devenez présidente à un moment où la montagne est confrontée à un changement climatique qui remet en question le ski, pierre angulaire de l’offre touristique des stations. Comment comptez-vous affronter les détracteurs des sports d’hiver mécaniques ?
Je trouve difficile de comprendre cette critique. Pour moi, l’humain est au cœur du débat. En cas de difficultés dans une entreprise, on voit la solidarité se manifester pour la sauver. Aujourd’hui, il semble que ce ne soit pas le cas pour la montagne. Le changement climatique est bien réel, mais il y a des solutions à explorer. Plutôt que d’être une cible, nous devons nous rassembler et travailler ensemble pour construire l’avenir.
L’accessibilité en train des stations de montagne est un enjeu majeur. Comment envisagez-vous un partenariat entre les Domaines skiables de France et la SNCF pour favoriser l’accès en train plutôt qu’en voiture ?
Je soutiens cette idée. Le train représente une alternative douce et écologique. Avec Altiservice, nous gérons les remontées mécaniques des stations de Saint-Lary et Font-Romeu Pyrénées 2000, ainsi que le téléphérique urbain de Toulouse. Le train est également un moyen de transport durable. Je reste optimiste : les Jeux olympiques de 2030 offrent une opportunité pour développer les liaisons ferroviaires vers la montagne. Nous devons réfléchir à long terme pour rendre la montagne accessible à tous.
Être une femme présidente de DSF et une Pyrénéenne est symbolique. Comment considérez-vous cette nomination ?
C’est un message fort, qui rompt avec les clichés. Les 250 adhérents de Domaines skiables de France représentent une diversité de massifs et de spécificités. Chaque station a son propre caractère, ce qui enrichit l’organisation. En tant que Pyrénéenne et femme, je suis fière de représenter cette diversité.
Face au changement climatique et au manque de neige, pensez-vous qu’il faut continuer à aménager la montagne ?
Il est important d’aménager la montagne en pensant à l’avenir. Si nous arrêtons, cela entraînera un exode rural massif. Nous devons préserver ces territoires pour les générations futures.
Quelle sera votre première mesure en tant que présidente ?
Je compte instaurer un pôle RSE au sein de Domaines skiables de France, avec différentes commissions axées sur la santé, la sécurité au travail, l’environnement et la solidarité. Je crois en une approche progressive pour amorcer ces changements essentiels.