La perception visuelle est peu coûteuse pour le cerveau qui est capable de lire une image, de la traiter et de lui donner un sens en 50 millisecondes, avant même qu’elle ne parvienne à la conscience », explique Sylvie Chokron, neuropsychologue et directrice de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
Les images et représentations visuelles diverses nous « parlent » facilement. Ce sont en effet des vecteurs d’information très efficaces.
« Le poids des mots, le choc des photos ». Cet ancien slogan publicitaire de l’hebdomadaire Paris Match est la formule parfaite pour évoquer la puissance des images. Nous avons tous en mémoire celle d’Aylan, ce petit garçon kurde au tee-shirt rouge échoué sur une plage en 2015. Ou celle de cet homme faisant face aux chars de l’armée chinoise lors des manifestations de la place Tiananmen en 1989. Pourquoi le visuel nous marque et nous parle à ce point ?
Il y a tout d’abord un avantage comparatif en termes d’efficacité. Voir nous apporte un maximum d’informations… pour un minimum d’efforts. « La vue nous permet d’apprécier une situation dans sa globalité et dans les moindres détails, quand les autres sens n’offrent souvent qu’un accès partiel au réel, explique Sylvie Chokron, neuropsychologue et directrice de recherches au CNRS, qui a publié Dans le cerveau de… (Les Presses de la Cité). Les sons, par exemple, se superposent ; le toucher suppose une exploration. La perception visuelle est…
Les images, véritables fenêtres ouvertes sur le monde, captent notre attention de manière instantanée. Elles nous influencent, nous émeuvent, et peuvent même changer nos opinions et nos comportements. Une simple photographie peut provoquer en nous une réaction profonde et immédiate, sans que nous soyons conscients de son impact.
Prenons par exemple l’image de ce petit garçon syrien enseveli sous les décombres après un bombardement. En un instant, cette photo a bouleversé des millions de personnes à travers le monde, générant une vague d’émotions et de solidarité sans précédent. C’est là tout le pouvoir des images, celui de transcender les barrières linguistiques et culturelles pour toucher l’humanité qui sommeille en chacun de nous.
Mais comment expliquer cette capacité des images à nous impacter si profondément ? Selon les recherches en neurosciences, notre cerveau est programmé pour réagir de manière plus intense aux stimuli visuels qu’auditifs ou tactiles. En effet, la vision est notre sens le plus développé, avec plus de la moitié de notre cortex cérébral dédié au traitement des informations visuelles.
Cela s’explique par le fait que la vue nous permet de saisir instantanément l’environnement qui nous entoure, de repérer les potentiels dangers, et de reconnaître les visages familiers. C’est un outil de survie essentiel pour notre espèce, qui a évolué pour privilégier la vue comme moyen de communication et d’interaction avec le monde.
Ainsi, les images agissent directement sur notre système limbique, la partie primitive de notre cerveau responsable des émotions et des instincts. Elles déclenchent des réactions émotionnelles automatiques, sans passer par le filtre de la raison. C’est pourquoi une simple photo peut nous faire pleurer, sourire, ou même nous mettre en colère, alors même que nous n’avons pas conscience de la manière dont elle agit sur nous.
Cette capacité des images à court-circuiter notre raisonnement rationnel et à toucher directement notre sensibilité explique en partie leur pouvoir de persuasion et d’influence. Les publicitaires l’ont bien compris, en jouant sur l’émotionnel plutôt que sur le rationnel pour vendre leurs produits. Ils savent que c’est l’image qui restera dans l’esprit du consommateur, bien plus que les mots.
En conclusion, les images ont un pouvoir unique sur notre cerveau, capable de susciter des émotions intenses et de modifier nos perceptions de la réalité. Elles sont un langage universel, compris par tous, et qui dépasse les frontières culturelles et linguistiques. En tant que vecteurs de sens et de communication, les images jouent un rôle essentiel dans notre construction individuelle et collective de la réalité.