CONTRE-POINT – Alors qu’il reste trois ans pour agir, que le débat soit déjà dominé par la préparation de l’après-Macron n’est pas bon signe.
Un court message de l’intéressé et de nombreux tweets de ministres, mais pas de festivités. Entre l’accueil du président chinois à Paris et l’arrivée de la flamme olympique à Marseille, il n’y avait guère de place pour célébrer le septième anniversaire de l’entrée d’Emmanuel Macron à l’Élysée. Et sans doute guère l’envie de faire la fête alors que les perspectives électorales de la majorité ne sont guère flamboyantes. Que reste-t-il du macronisme conquérant et heureux des origines ?
En soi, le cap des sept ans est pourtant une performance. À part de Gaulle, aucun président de la République n’a détenu la réalité du pouvoir exécutif aussi longtemps d’affilée – Mitterrand et Chirac avaient supporté des cohabitations. Pour un quadragénaire qui s’était fait fort de « transformer » la France, le temps long était censé être un atout. En termes d’actions menées et de chantiers ouverts, le bilan est impressionnant, mais la révolution proclamée reste inachevée, sinon abandonnée au profit…
Le spectre d’une déception s’installe insidieusement dans l’opinion. Les réformes structurantes promises ne suffisent plus à masquer les inégalités persistantes et les fractures sociales qui se creusent. L’esprit de conquête qui animait le début du mandat semble s’être évanoui, laissant place à une gestion de crise perpétuelle et à un discours de plus en plus technocratique.
Pourtant, le président Macron avait su incarner une certaine idée de la modernité politique, alliant pragmatisme et volontarisme. Son style décomplexé et sa capacité à interagir avec les citoyens sur les réseaux sociaux en avaient fait une figure emblématique de la nouvelle génération politique. Mais aujourd’hui, le constat est amer : les critiques fusent de toutes parts, les oppositions se renforcent et le débat public semble s’enliser dans des querelles stériles.
Il est vrai que la crise sanitaire et ses conséquences économiques et sociales ont profondément bouleversé les équilibres politiques et remis en question bon nombre de certitudes. Mais au-delà de ces circonstances exceptionnelles, c’est bien la vision et le projet portés par Emmanuel Macron qui semblent s’essouffler. Les échéances électorales à venir résonnent comme un avertissement : l’heure est venue de redéfinir un cap, de renouer avec l’enthousiasme et l’ambition des débuts, sous peine de voir le macronisme sombrer dans l’oubli.
Il reste trois ans pour agir, pour réinventer un discours politique et restaurer la confiance des Français. Le temps presse, et chaque jour qui passe sans inflexion majeure ne fait qu’accroître le sentiment d’impuissance et de déception qui s’installe dans l’opinion publique. Emmanuel Macron doit relever le défi de se réinventer, de renouer avec l’esprit de conquête qui l’a porté au pouvoir, et de tracer de nouvelles perspectives pour l’avenir de la France.
La route est étroite, semée d’embûches et d’incertitudes, mais c’est dans l’adversité que se révèlent les grands leaders. Emmanuel Macron a encore l’opportunité de marquer l’histoire de son empreinte, de laisser une trace indélébile dans le paysage politique français. Mais pour cela, il devra redoubler d’efforts, de courage et d’audace, et faire preuve d’une vision claire et ambitieuse. Le temps presse, l’avenir est entre ses mains.