Par Anne Prigent
Plusieurs études montrent qu’un microbiote altéré favorise le développement de maladies. Des recherches prometteuses sur le microbiote pourraient révolutionner le domaine médical.
Le microbiote, composé de milliards de bactéries, est un organe clé pour la recherche médicale. Il a été révélé que les personnes souffrant de diverses maladies, allant des troubles intestinaux aux troubles psychiatriques en passant par les maladies métaboliques telles que le diabète, l’obésité et la stéatose hépatique non alcoolique, ont un microbiote différent de celui des personnes en bonne santé.
Des modifications dans la composition des populations bactériennes et une faible diversité microbienne sont observées chez ces personnes. Mais la question de savoir si les modifications du microbiote sont la cause des maladies ou si les maladies modifient le microbiote reste encore en suspens. Cependant, plusieurs expériences suggèrent qu’un microbiote altéré favorise l’apparition de ces pathologies.
Par exemple, il a été découvert que la bactérie Akkermansia muciniphila est moins présente chez les personnes obèses ou souffrant d’un syndrome métabolique. Des études ont montré que la supplémentation en Akkermansia muciniphila chez les souris obèses permettait de réduire leur poids corporel, leur taux de cholestérol et leur glycémie. Des études sur des humains ont également donné des résultats encourageants.
Ces découvertes laissent entrevoir de nouvelles possibilités thérapeutiques, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. En effet, le traitement de l’obésité est complexe en raison des différents types d’obésité et de diabète. Pour le Pr Rémy Burcelin, la piste la plus prometteuse en matière de traitement impliquant le microbiote concerne les maladies hépatiques.
Il explique que l’intestin alimente le foie via la veine porte et que des molécules produites par les bactéries intestinales agissent sur le foie, notamment dans les maladies comme la stéatose hépatique et la fibrose. Les chercheurs ont identifié les familles bactériennes et les molécules impliquées, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives thérapeutiques.
Une chercheuse suisse, le Pr Maria Luisa Balmer, travaille sur un chewing-gum contenant des fibres alimentaires solubles qui sont digérées par des bactéries intestinales produisant des métabolites bénéfiques pour la perte de poids et l’amélioration des maladies métaboliques. Cette innovation pourrait révolutionner le traitement de l’obésité dans les années à venir.
Ainsi, les recherches sur le microbiote offrent de nouvelles perspectives thérapeutiques dans le domaine médical, ouvrant la voie à des traitements innovants et personnalisés pour diverses maladies.