ANALYSE – Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, de nombreux projets financiers sont bloqués. Certains chefs d’entreprise redoutent un ralentissement de leurs activités.
La vente de Biogaran a-t-elle également été ajournée par Emmanuel Macron ? Le laboratoire pharmaceutique Servier, qui avait mis en vente son activité de médicaments génériques il y a plusieurs mois, attendait des offres fermes pour le mardi 11 juin. Cependant, l’annonce, le dimanche précédent, de la convocation des élections législatives par le président de la République a tout bouleversé. Selon nos informations, au moins l’un des trois candidats intéressés par le rachat de Biogaran préfère attendre de connaître le nom du prochain ministre de l’Économie avant de formuler une offre. « L’éventuelle prise de pouvoir du Rassemblement national soulève de nombreuses interrogations, et le Nouveau Front populaire n’offre pas plus de garanties », justifie un représentant de cet acheteur potentiel. La date limite de dépôt des offres fermes risque d’être reportée par Servier, même si le groupe n’a pas souhaité commenter ce point.
Le cas de Biogaran n’est pas un cas isolé. « Je travaille actuellement sur deux opérations d’acquisitions transfrontalières qui auraient dû être finalisées avant la dissolution de l’Assemblée nationale », confie un avocat spécialisé dans les fusions-acquisitions. Le climat d’incertitude politique actuel pousse de nombreuses entreprises à hésiter avant de s’engager dans des transactions financières d’envergure.
La prudence est de mise pour de nombreux acteurs économiques face à la perspective d’un changement de majorité à l’issue des prochaines élections législatives. Les investisseurs redoutent les répercussions politiques sur leur activité et sur le climat des affaires en général. Les incertitudes liées aux politiques fiscales et économiques des différentes formations politiques en lice ne font qu’accentuer ce climat anxiogène.
Dans ce contexte, de nombreuses entreprises font preuve de prudence et reportent leurs projets financiers à des jours meilleurs. L’effervescence habituelle du marché des fusions-acquisitions est freinée par cette période de turbulences politiques. Les grandes manœuvres en matière d’investissements et de prises de participations sont en stand-by, dans l’attente de signaux plus clairs en provenance du gouvernement et de l’ensemble de la classe politique.
Les entreprises françaises, qu’elles soient familiales ou cotées en bourse, naviguent à vue dans un environnement économique incertain. Les décisions stratégiques sont reportées, les investissements gelés, dans l’attente de connaître les orientations politiques qui seront prises dans les prochains mois. Les chefs d’entreprise redoutent un nouveau chamboulement à la tête de l’État, qui pourrait remettre en cause les projets sur lesquels ils travaillent depuis des mois, voire des années.
La dissolution de l’Assemblée nationale a créé une onde de choc dans le monde des affaires, qui se retrouve suspendu dans l’attente de connaître l’issue des prochaines élections législatives. Les entrepreneurs et les investisseurs retiennent leur souffle en espérant que la situation se débloque rapidement, afin de pouvoir relancer leurs projets et leurs investissements. En attendant, c’est un calme précaire qui règne sur le front des opérations financières en France.