GRAND REPORTAGE – La tragédie qui frappe le Soudan depuis plus de douze mois a transformé la capitale en un champ de bataille, déchirant les bâtiments qui étaient autrefois témoins de la paix. Les habitants, plongés dans la famine, luttent pour survivre face aux affrontements incessants entre les forces militaires et les milices armées.
Envoyé spécial à Khartoum
Le tonnerre gronde. Une série de quatre explosions retentit contre les murs de la petite ruelle. « Cela vient de notre côté, » murmure un jeune soldat, cherchant à se rassurer. Mais à Khartoum, les tirs ne sont pas unilatéraux. La ville en est le témoin. Dans les quartiers centraux de la capitale soudanaise, aucun bâtiment n’a été épargné. Certains sont criblés de balles, d’autres dévastés par des tirs de mortier, d’autres encore pillés jusqu’à la moelle. À Omdurman, l’une des trois municipalités de Khartoum située sur la rive occidentale du Nil et pilier économique de la capitale, le vaste marché n’est plus qu’un champ de ruines fumantes. Seules des silhouettes fantomatiques errent, chancelantes.
Au bout de la rue, le mausolée abritant la tombe du Mahdi, héros de la lutte pour l’indépendance du Soudan et initiateur en 1881 d’une révolte contre l’occupation anglo-égyptienne, porte les cicatrices des combats. De l’autre côté du fleuve, cependant…
La situation est alarmante et les habitants de Khartoum vivent dans la terreur quotidienne des tirs croisés. Les familles se terrent chez elles, tentant de se protéger tant bien que mal des violences qui déchirent la ville. Les rues sont désertes, à l’exception des patrouilles armées qui imposent leur loi, sans distinction entre civils et combattants.
Les négociations pour mettre fin au conflit semblent au point mort. Les factions rivales ne laissent entrevoir aucun espoir de paix dans un avenir proche. La population est prise en otage, prise en tenaille entre les intérêts politiques et les intérêts économiques qui se disputent le contrôle du pays.
Le Soudan est plongé dans le chaos, et Khartoum, jadis bastion de la culture et de l’histoire du pays, est désormais le théâtre d’une tragédie sans fin. Les ruines fumantes et les cris déchirants résonnent dans les rues dévastées, rappelant à tous le prix terrible de la guerre.
Dans cette tourmente, l’espoir semble bien loin. Les habitants de Khartoum ont désespérément besoin d’aide, d’une main tendue pour les sortir de ce cauchemar qui semble ne jamais prendre fin. La communauté internationale doit agir, rapidement et de manière décisive, pour mettre un terme à cette catastrophe humaine qui frappe le Soudan de plein fouet.