Le président de la République a évoqué l’infertilité comme une « priorité nationale », mais les experts estiment que cela reste au stade des déclarations et appellent à la création d’un Institut national de la fertilité, sur le modèle de ce qui existe pour le cancer.
La lutte contre l’infertilité, pour laquelle Emmanuel Macron avait annoncé un plan, a enregistré quelques progrès mais reste en deçà des attentes, a déclaré mardi le Pr Samir Hamamah, co-auteur d’un rapport de référence sur le sujet. Avec une moyenne de 1,46 enfant par femme en 2022 dans l’Union européenne, les taux de fécondité sont historiquement bas. La France se situe légèrement au-dessus de la moyenne avec 1,79 enfant par femme en 2022, mais enregistre une baisse en 2023 avec un taux de 1,68 selon l’Insee. Le renouvellement de la population est fixé à 2,1 enfants par femme.
« Le fait que l’infertilité soit devenue une priorité nationale grâce aux déclarations du chef de l’État était un grand pas en avant », a déclaré le Pr Samir Hamamah lors d’une conférence de presse. « Maintenant, il est temps de passer à l’action après la remise du rapport au gouvernement en 2022. » Le Pr Hamamah a souligné que de nombreux pays d’Asie, tels que le Japon, la Corée du Sud, le Vietnam et la Chine, étaient bien plus avancés dans le domaine de la fertilité, malgré quelques progrès récents en France.
Le Pr Hamamah a mentionné les 30 millions d’euros investis par le gouvernement dans la recherche et l’innovation pour soutenir la lutte contre l’infertilité et l’endométriose. Deux autres mesures du rapport sont actuellement entre les mains de la Haute Autorité de Santé pour évaluer leur coût, notamment une consultation de 45 minutes recommandée à partir de 29 ans et une consultation pré-conceptionnelle pour identifier les facteurs de risque 100 jours avant la conception.
Le Pr Hamamah a plaidé en faveur de la création d’un Institut national de la fertilité, sur le modèle de l’Institut national du cancer, pour mieux servir cette cause sans dépenser davantage. Cette crise de la fertilité est multifactorielle, avec des facteurs socio-économiques, culturels, médicaux et environnementaux. En Europe, selon l’OMS, 25 millions de personnes sont infertiles, auxquelles s’ajoutent celles qui ne souhaitent pas avoir d’enfants pour diverses raisons.
Marie-Joëlle Gros, représentante du Collectif Bamp, a souligné l’importance de ne pas reléguer ce sujet de santé publique au second plan, malgré les changements politiques en cours. L’infertilité reste un défi majeur auquel il est urgent de faire face pour garantir la santé reproductive de la population.