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Fêter un centenaire est un événement marquant, d’autant plus lorsque l’on atteint l’âge vénérable de 108 ans. C’est le cas de Baya Imalhayene Kheroufa, qui a été honorée le 31 octobre dernier à l’Ehpad de la Dryade à Saint-Médard-de-Mussidan, en Dordogne. Originaire d’Algérie, Baya est née le même jour en 1916, dans les montagnes pittoresques qui entourent la région de Tipaza. Son parcours exceptionnel est une véritable ode à la longévité et à la résilience, un modèle pour plusieurs générations.
Issu d’une fratrie de quatre enfants, Baya a été la benjamine de sa famille. Ses enfants, présentes pour célébrer cet anniversaire mémorable, ont fait part d’un fait intrigant : tous ses frères et sœurs ont atteint l’âge honorable de 99 ans, un témoignage frappant de la vitalité qui semble imprégner cette lignée. Sakina Bouchama et sa fille Fella Madaoui, en tant que descendantes directes, attribuent en partie cette longévité à un régime alimentaire inspiré du fameux régime crétois, riche en sardines, huile d’olive, fruits et légumes, souvent vanté pour ses effets bénéfiques sur la santé.
Le parcours de Baya est également marqué par des choix audacieux pour son époque. Mariée à 18 ans à un enseignant, elle a bravé les conventions en apprenant le français, s’extirpant ainsi de l’ombre d’une famille très traditionnelle. Ses descendantes n’hésitent pas à souligner qu’elle a été la première femme de sa famille à apprendre à conduire, une prouesse d’émancipation, d’autant plus marquante que son mari ne possédait pas de permis de conduire.
Le mariage de Baya avec un homme engagé dans le développement bancaire, qui a fondé la Caisse d’épargne d’Algérie, lui a permis d’évoluer dans des cercles variés. Elle a eu l’occasion de voyager à travers l’Europe, les congrès de son époux l’amenant même à rencontrer la reine Elizabeth II à Londres, un haut fait qui témoigne de son ouverture d’esprit et de son esprit cosmopolite.
Dans sa vie de mère, Baya a élevé trois enfants qui se sont tous distingués dans leurs domaines respectifs. Sa fille Sakina a fait une carrière remarquable en tant qu’endocrinologue, tandis que son fils Samir a gravi les échelons pour devenir haut fonctionnaire. Un des moments les plus brillants de sa vie de famille est sans doute son autre fille, Assia Djebar, reconnue pour son œuvre littéraire prolifique, mais aussi son engagement pluridisciplinaire en tant que linguiste, traductrice, historienne et réalisatrice de cinéma. Assia Djebar, qui a intégré l’Académie française en 2005, a su porter haut les couleurs de sa culture d’origine et laisse derrière elle un héritage intellectuel précieux.
Le cheminement de Baya Imalhayene est une illustration poignant de l’évolution des rôles de la femme, de la culture algérienne à celle de la France. Après un parcours qui l’a conduite de ses montagnes algériennes à des villes emblématiques comme Cherchell, Alger et Paris, elle a choisi de résider en Dordogne en 2019. À l’Ehpad de la Dryade, elle est devenue une figure respectée, tant pour son âge avancé que pour son histoire fascinante.
En ce jour d’anniversaire, la célébration a été empreinte d’émotion, rassemblant famille et amis autour d’un héritage riche et inspirant. Baya Imalhayene Kheroufa n’est pas seulement une centenaire, mais un véritable témoin de l’histoire, dont le récit de vie résonne avec les luttes et les triomphes d’une époque riche en changements et en défis.
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